Un chef d’al-Qaïda tué dans le nord de l’Afghanistan

Le chef du Mouvement islamique d’Ouzbekistan (MIO), un groupe lié à al-Qaïda, a été tué par une frappe de l’Otan, le 15 août, dans la province de Kunduz, dans le nord de l’Afghanistan.

En effet, le véhicule à bord duquel avait pris place Abou Baqir, a été la cible d’un raid après avoir été repéré à l’issue d’une attaque contre un poste de la police afghane. Un autre insurgé a été tué au cours de cette frappe et plusieurs ont été faits prisonniers.

Responsables de plusieurs attentats en Ouzbekistan, le MIO est une organisation interdite par le gouvernement de Tachkent depuis 1999. Depuis, le mouvement a trouvé refuge en Afghanistan, où il a été protégé par les taliban jusqu’à leur chute, en 2001.

Le même jour, dans le sud du pays, la police afghane a mis la main sur 17 tonnes d’explosifs, près de Spin Boldak, dans la province de Kandahar. Les produits étaient cachés dans des pots de peinture, lesquels avaient été chargés dans un camion à Quetta, au Pakistan.

« Nous avions des renseignements qui nous ont menés à la découverte de cette quantité importante d’explosifs » a expliqué le général Shafique Afzalli, le chef de la police pour le sud afghan.

La cargaison saisie était vraisemblablement destinée aux taliban pour fabriquer des bombes artisanales, qui restent la première cause des pertes des troupes de l’Otan déployées dans le pays.

Le fait que ces explosifs venaient de Quetta, la ville pakistanaise où a trouvé refuge l’état-major du mouvement taleb afghan, va relancer les suspicions de soutien des services secrets pakistanais (l’ISI) aux différents mouvements insurgés.

Comme c’est d’ailleurs le cas pour le réseau Haqqani, qui, établi dans le Nord-Waziristan et épargné jusqu’à présent par les offensives de l’armée pakistanaise, mène des actions de guérilla et des attentats dans l’est de l’Afghanistan.

Ainsi, l’ISAF et l’armée nationale afghane ont lancé une offensive, le 11 août dernier, dans le district de Zadran, dans la province de Paktia, afin perturber l’activité réseau Haqqani. Ce dernier, qui porte le nom de son chef, Jalaluddin Haqqani, est soupçonné de bénéficier de complicités au sein de l’ISI et d’avoir organisé des attaques à Kaboul.

D’après un bilan fourni le 14 août par l’ISAF, l’opération contre le réseau Haqqani, qui s’est déroulée dans une zone montagneuse et stratégique, aurait fait une vingtaine de tués dans les rangs insurgés. Des engins explosifs ainsi que des composants pouvant servir à la fabrication de bombes artisanales ont été saisis et un dépôt de munition a été détruit par une frappe aérienne.

En juin dernier, deux opérations menées par les troupes de la coalition et de l’armée afghane avaient porté un rude coup au réseau Haqqani. Ainsi, lors de la première offensive, 17 combattants insurgés avaient été tués, dont Fazil Subhan, un de leurs chefs. La seconde, conduite une semaine plus tard dans le district de Sabari, dans la province de Khost, avait permis d’éliminer Hamiddullah, un commandant de l’organisation, tenu pour responsable d’une embuscade au cours de laquelle trois soldats afghans avaient perdu la vie en mars.

« Le réseau Haqqani cherche continuellement à établir des bastions dans le passage Khost-Gardez (ndlr, la capitale de la province de Paktia), à perturber le gouvenement local et faciliter les mouvements de combattants étrangers, d’explosifs et d’armes entrant en Afghanistan » a expliqué le colonel américain Rafael Torres, un porte-parole de l’Otan.

A propos de l’infiltration de combattants étrangers liés à al-Qaïda, le général afghan Mohammed Zaman Mahmoodzaï, responsable des garde-frontières, a indiqué, le 13 août, à l’Associated Press, avoir constaté une présence accrue de militants appartenant à l’organisation d’Oussama ben Laden en provenance des régions tribales pakistanaises de Bajaur et du Mohmand. « Un sur trois est Arabe » a-t-il affirmé.

Cette estimation a cependant été minorée mais aussi confirmée par l’Otan, dont un responsable a reconnu que l’activité de combattants étrangers dans l’est de l’Afghanistan est « un petit peu plus élevée que la moyenne ». La plupart de ces combattants supposés appartenir à al-Qaïda sont des Pakistanais, des Tadjiks ou encore des Tchétchénes.

Quoi qu’il en soit, le général Mahmoodzaï a confirmé une information récente selon laquelle le groupe terroriste pakistanais Lashkar-e-Taïba (LeT), actif au Cachemire, serait impliqué en Afghanistan. Le 8 avril dernier, les forces spéciales américaines avaient arrêté 9 militants de cette organisation dans la province de Nangarhar, toujours dans l’est afghan.

En effet, selon le général Mahmoodzaï, le LeT fournirait des faux passeports et des visas aux militants d’al-Qaïda souhaitant entrer en Afghanistan. « Nous avons des sources au sein des taliban afghans (…) selon lesquelles les Arabes viennent ici (ndlr, dans l’est) par l’intermédiaire du Lashkar-e-Taïba », a-t-il affirmé.

L’implication du LeT est préoccupante. En effet, bien qu’Islamabad affirme avoir rompu ses liens avec ces organisation, il n’en demeure pas moins qu’elle a été créée grâce au concours des services secrets pakistanais il y a maintenant plus de vingt ans, afin de lancer des attaques au Cachemire indien et que des soupçons de soutien officieux persistent.

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