Les insurgés sont responsables de 68% des pertes civiles en Afghanistan

« Gagner le coeur et les esprits ». Tel est l’objectif rappelé par le dernier code de conduite des combattants taliban, diffusé depuis mois de juillet en Afghanistan. Et pour cela, « tout doit être fait afin d’éviter de blesser des civils pendant les attaques » indique le document.

Ces directives n’ont rien de nouveau car le précédent code, qui circulait l’an passé, recommandait déjà de faire « tous les efforts possibles pour éviter les victimes civiles ». Seulement, et comme l’écrivait Machiavel, « il est plus sûr d’être craint que d’être aimé ». Et les intentions affichées par le mouvement taleb semble relever de la propagande si l’on en juge par les stastistiques fournies par la Commission indépendante afghane pour les droits de l’homme.

En effet, selon ces chiffres, 68% des victimes civiles recencées depuis le début de l’année 2010 ont été tuées par les insurgés. Les « dommages collatéraux » imputés aux forces de l’Otan et à l’armée afghane représentent 23% des pertes civiles, les causes concernant les 9% de cas restants n’ayant pas pu être expliqués.

Au total, ce sont 1.325 civils qui ont été tués depuis les sept premiers mois de l’année, pour la plupart dans le sud de l’Afghanistan, où l’insurrection des taliban est la plus forte. Dans le détail, 425 personnes ont perdu la vie lors d’attaques réalisées par des bombes artisanales et 122 ont été victimes d’attentats-suicides. Le rapport recense également 197 morts dues à des conséquences indirectes de tentatives d’assassinat.

Par ailleurs, les personnes qui travaillent pour le compte du gouvernement afghan et les forces de l’Otan, quand elles ne sont pas dissuadées de le faire, sont particulièrement menacées. Les documents publiés récemment par le site WikiLeaks en donnent d’ailleurs un aperçu

Les civils étrangers sont également menacés par les insurgés. Ainsi, l’assassinat de dix des onze membres d’une équipe médicale travaillant pour l’ONG protestante International Assistance Mission (IAM) basée à Genève et présente en Afghanistan depuis 1966.

Selon le seul rescapé de l’équipe, Saifullah, qui a eu la vie sauve pour avoir récité des versets du Coran, un groupe armé a abattu froidement les travailleurs humanitaires pour ensuite voler leurs affaires et leur argent. Le massacre a eu lieu vraisemblement le 5 août, dans la province du Badakhstan, proche de celle du Nouristan, frontalière avec les zones tribales pakistanaises où les insurgés trouvent refuge.

Effet d’annonce ou pas, toujours est-il que les taliban ont revendiqué 9 de ces 10 meurtres, commis au prétexte que les victimes se seraient livrées à du prosélytisme religieux alors que l’action de l’ONG pour laquelle ils travaillaient, bien qu’elle soit d’inspiration chrétienne, consiste essentiellement à fournir une aide médicale.

« Ils étaient perdus. Quand notre patrouille les a trouvés, ils ont éessayé de s’échapper et ont été tués » a ainsi déclaré Zabihullah Mujahid, un porte-paroles du mouvement taleb. « Ils portaient des bibles en Dari, des cartes, des systèmes GPRS. Ils faisaient la carte des positions des combattants » a-t-il poursuivi.

Un autre mouvement insurgé, le Hezb-e-Islami du chef de guerre Gubbuldin Hekmatyar, a également revendiqué cette attaque.

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