Avions ravitailleurs : US Aerospace exclu de l’appel d’offres

Le nouvel appel d’offres portant sur l’acquisition de 179 avions ravitailleurs pour l’US Air Force va-t-il être de nouveau annulé, comme il l’a été déjà à deux reprises?

Cela fait déjà plus de 7 ans que le dossier est en attente. Le marché avait été une première fois attribué à Boeing en 2003 avant d’être finalement annulé à cause de nombreuses irrégularités.

En février 2008, le Pentagone avait annoncé que ce contrat évalué à plus de 35 milliards de dollars allait finalement être passé avec EADS, allié pour la circonstance à Northrop Grumman. Mais cette décision fut contestée par Boeing, qui déposa un recourt devant le Government Accountability Office (GAO, l’équivalent de la Cour des comptes en France) pour « irrégularités dans le déroulement de la compétition et dans l’évalution des offres concurrentes ». Et le constructeur américain obtint gain de cause, sur fond de polémiques politiques.

Finalement, un nouvel appel d’offres a été lancé en 2010. L’on s’attendait à un nouveau duel entre le KC-30 d’EADS, qui y prend part sans Northrop Grumman, et le KC767 de Boeing. Sauf qu’un troisième candidat s’est invité par surprise.

En effet, US Aerospace, un équipementier californien, a indiqué vouloir déposer une offre, en coopération avec le constructeur russo-ukrainien Antonov, lequel n’a d’ailleurs jamais confirmé sa participation.

La date limite de dépôt des dossiers de candidature avait été fixée au 9 juillet dernier, à 14H00. Seulement voilà, celui d’US Aerospace a été remis avec 5 minutes de retard. Et pour le Pentagone, l’heure, c’est l’heure et l’équipementier a été exclu de la compétition.

Pour autant, US Aerospace ne compte pas en rester là. « Notre proposition a été livrée en mains propres le 9 juillet » a indiqué la société, qui a précisé que son messager porteur de dossier de candidature était arrivé à 13H30, « bien avant l’heure limite de 14H00 ».

« Les personnels de l’US Air Force ont d’abord refusé l’accès de notre messager à la base, puis lui ont donné des indications inexactes » sur le bâtiment où il devait se rendre pour déposer ses documents, a expliqué US Aerospace. « Bien que la proposition ait été arbitrairement frappée d’un tampon ‘reçu à 14H05’, elle était sous le contrôle de l’Armée de l’Air avant l’heure limite » a encore estimé l’équipementier californien.

Cela étant, US Aerospace ne compte pas en rester là. La société a en effet déposé une requête en annulation de sa mise à l’écart auprès du GAO, en faisant valoir que l’US Air Force « pourrait avoir intentionnellement retardé » le dépôt de sa candidature  » afin de créer un prétexte pour refuser de l’étudier » au motif que son fournisseur russo-ukrainien lui « poserait problème ».

Par ailleurs, l’entreprise californienne compare le le délai de 60 jours obtenu par EADS pour préparer son offre, suite au désistement de Northrop Grumman aux 5 minutes de retard qui lui valent d’être exclue de la compétition.

Reste que cette nouvelle procédure auprès du GAO, si elle est acceptée, pourrait aboutir le 10 novembre prochain. Et justement, le Pentagone a fait savoir que le vainqueur de l’appel d’offres serait connu quelques jours plus tard, conformément à ce qui avait été prévu. Pour l’instant, il n’est pas question de retarder davantage cette annonce, d’autant plus que le remplacement de la flotte des actuels avions ravitailleurs, des KC135 de plus de 50 ans d’âge, est urgent.

Quoi qu’il en soit, la participation d’US Aerospace à l’appel d’offres est pour le moins curieuse. L’entreprise s’est en effet déclarée candidate qu’une semaine avant la date de limite de dépôt, alors que Boeing et EADS ont travaillé d’arrache-pied pour fournir dans les temps des dossiers lourds de milliers de pages. Et son offre, chiffrée à 29,5 milliards de dollars paraît faible par rapport à celles faites par les deux géants de l’aéronautique.

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