Il y a 20 ans, l’Irak envahissait le Koweit

2 août 1990. L’Union soviétique existait encore mais ses jours étaient comptés après la chute du mur de Berlin. La France de François Mitterrand dansait au rythme de la soca dance et de Zouk Machine. Aux Etats-Unis sortait dans les salles obscures le film « Navy Seals, les meilleurs », avec pour scénario l’intervention des commandos d’élite de la marine américaine pour rechercher un pilote abattu par un missile dans le golfe d’Oman. Ce long-métrage aurait pu être prémonitoire si son action s’était déroulée dans le Golfe persique.

En effet, pour remplir ses caisses vidées par le long conflit qui l’a opposé à l’Iran, l’Irak envahit le Koweit. Les sujets de discorde entre les deux pays tournent essentiellement autour de la question pétrolière, Bagdad reprochant à Koweit City sa production trop élevée d’or noir, entraînant ainsi une baisse des prix inacceptable pour le régime de Saddam Hussein qui avait alors besoin de liquidités pour rembourser ses dettes.

En quelques heures seulement, les troupes irakiennes, préalablement massées à la frontière, prennent le contrôle de l’émirat. Et la communauté internationale condamne fermement cette invasion. S’ensuit alors la mise en place d’une coalition de 28 pays occidentaux et arabes dirigée par les Etats-Unis et prête à agir sous le mandat de l’ONU afin de libérer le Koweit. La France y envoie la division Daguet, placée sous le commandement du général Roquejoffre. Cette participation ne plaît pas à Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Défense. Selon lui, « un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne » : il quittera le gouvernement en pleine offensive contre l’armée irakienne.

Après 5 mois de discussions diplomatiques, l’opération « Tempête du désert » est lancée dans la nuit du 16 au 17 janvier 1991. Pour vaincre l’armée alors présentée comme étant l’une des plus puissantes du monde, 580.000 militaires, 750 avions de combat, 1.200 chars et 60 navires de guerre sont rassemblés. Il s’agit de la plus importante opération interalliée menée depuis 1945.

L’opération Tempête du désert se déroule alors en deux phases principales : une longue préparation aérienne, jusqu’en février, suivie par l’offensive terrestre dite des « 100 heures ». Le conflit est suivi en direct par les télévisions, en particulier CNN, qui rapportent ce que l’état-major allié veut bien leur transmettre.

Après 5 semaines d’opération, au cours desquels les concepts de « frappe chirurgicale »et de « guerre zéro mort » du côté allié font leur apparition, l’armée irakienne finit par capituler, après avoir piégé et incendié les puits de pétrole koweitiens.

Le bilan établi par la coalition à la fin du conflit est de 100.000 soldats irakiens tués, ainsi que 4.000 chars, 2.100 pièces d’artilleries et 140 avions détruits. Ces chiffres seront contestés par la suite, notamment pour ce qui concerne les pertes humaines. Certaines sources avancent entre 3.000 et 5.000 tués dans les rangs de l’armée irakienne et 86.000 soldats faits prisionniers par la coalition. Par ailleurs, 100.000 autres auraient fui les combats.

Cela étant, l’opération Tempête du Désert n’a pas mis fin au régime de Saddam Hussein, l’essentiel étant la libération du Koweit. Encouragés à se rebeller contre le pouvoir du raïs, des kurdes et des chiites seront massacrés au printemps 1991. Ces exactions pèseront lourd dans la condamnation de l’ancien maître de Bagdad, déchu après l’offensive conduite par les Etats-Unis en mars 2003, afin de débarrasser le pays de ses hypothétiques armes de destruction massive.

Avant cette date, l’Irak a été mis au ban des nations, frappé par des sanctions de l’ONU. Et encore aujourd’hui, Bagdad paie encore l’invasion du Koweit : les Irakiens doivent encore verser à l’émirat 22,3 milliards de dollars, au titre des dommages subis.

Outre ses problèmes économiques, l’Irak post-Saddam Hussein doit encore faire face à l’activisme de groupes terroristes islamiques, aux tentatives d’ingérence de son voisin iranien et à l’instabilité politique, un nouveau gouvernement étant toujours attendu après les élections de mars dernier.

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