Grave incident à la frontière israélo-libanaise
La situation entre Israël et le Liban – et plus particulièrement le Hezbollah – est tendue. Début juillet, l’armée israélienne a rendu public des éléments prouvant l’importance de l’arsenal de 40.000 roquettes détenues par la milice chiite libanaise.
Et le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak de prévenir, le 26 juillet, lors d’un entretien accordé au Washington Post : en cas de tirs de roquettes sur Tel Aviv, Israël considérera « qu’il est légitime de frapper n’importe quelle cible appartenant à l’Etat libanais et pas seulement au Hezbollah. »
Deux semaines auparavant, le numéro deux de la milice libanaise, cheikh Kassem, avait affirmé au quotidien An Nahar que son organisation disposait « d’une banque (de données) de cibles israéliennes importante et précise. Tout action israélienne aura un coût ». « Le Hezbollah a développé sa capacité à faire face à tout défi et nous pouvons dire que cette capacité est meilleure que celle développée par Israël au cours des quatre dernières années » avait-il ajouté.
Par ailleurs, une vingtaine de personnes ont été condamnées à mort par les tribunaux militaires libanais pour avoir fourni à l’armée israélienne des informations de nature militaire. Ces actions d’espionnage ont fait l’objet d’un rapport, lequel a été transmis au Conseil de sécurité des Nations unies par Beyrouth, estimant que cela était une violation de la résolution 1701, adoptée en août 2006 afin de mettre un terme aux hostilités entre Israël et le Hezbollah.
En outre, l’aviation israélienne effectue régulièrement des vols de reconnaissance au-dessus du Sud-Liban, ce qui provoque parfois des incidents, comme le 25 juillet dernier. Ce jour-là, la DCA libanaise avait ouvert le feu sur un avion israélien, comme elle le fait chaque fois qu’un appareil venu d’Israël passe à portée de tir.
A cela s’ajoutent les accusation portées contre le Hezbollah pour le rôle qu’il aurait joué dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, en février 2005. Cette mise en cause de responsables de la milice libanaise pourrait faire naître de nouvelles tensions entre les communautés chiites et sunnites.
Mais la tension est monté encore d’un cran avec Israël ce 3 août. En effet, un sérieux accrochage a opposé Tsahal et l’armée libanaise, près de la localité d’Aadaissé, située dans le Sud-Liban, à une trentaine de kilomètres de la ville de Tyr.
Trois soldats libanais, ainsi qu’un journaliste, ont été tués au cours d’un échange de tirs d’armes automatiques et de roquettes. Plusieurs militaires israéliens ont également été blessés – un aurait été gravement touché – lors de cet accrochage.
Que l’on se place d’un côté ou d’un autre, les versions concernant les circonstances de ces échanges de tirs sont différentes. Pour les Libanais, ce serait les militaires israéliens qui auraient ouvert le feu, entraînant une riposte. « Une maison à Aadaissé à été touchée par une roquette tirée par un tank israélien » a ainsi affirmé un porte-parole de l’armée libanaise.
Pour l’Etat hébreu, « l’armée libanaise a procédé à des tirs de sommation » alors que des soldats de Tsahal effectuaient des travaux en territoire israélien, entre la barrière de sécurité et la frontière. Ces derniers auraient alors riposté en tirant des roquettes.
Les casques bleus de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), récemment prise à partie par le Hezbollah, vont avoir à éclaircir les circonstances exactes de cet affrontement. « Notre priorité immédiate pour le moment est de ramener le calme. Le commandant par intérim de la Finul est en contact avec les commandements des deux armées et les appelle à un maximum de retenue » a-t-on fait savoir du côté de la force de paix.
Quoi qu’il en soit, cet incident est le plus sérieux depuis l’entrée en vigueur de la résolution 1701 des Nations unies dans la région. Pour mémoire, 1.500 militaires français sont engagés au sein de la FINUL, dans le cadre de l’opération Daman.
Addendum : Un lieutenant-colonel israélien, Dov Harari, 45 ans, a été tué au cours de cet accrochage entre Tsahal et l’armée libanaise.