Manoeuvres conjointes entre les Etats-Unis et la Corée du Sud en mer du Japon

Après le torpillage présumé de la corvette sud-coréenne Cheonan par la Corée du Nord, en mars dernier, la tension dans la péninsule coréenne est à nouveau monté d’un cran. Pour faire revenir Pyongyang à la raison et dissuader le régime communiste de se lancer contre une aventure militaire contre son voisin du Sud, des exercices conjoints entre la Corée du Sud et les Etats-Unis ont commencé, ce 25 juillet, en mer du Japon.

« Ces manoeuvres défensives visent à adresser un message clair à la Corée du Nord pour qu’elle cesse son comportement agressif » a récemment expliqué Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense, le 21 juillet dernier, à l’occasion d’un déplacement à Séoul en compagnie d’Hillary Clinton.

Elles viennent au lendemain de ce que l’on peut considérer comme un échec diplomatique des Etats-Unis au Conseil de sécurité Nations unies. En effet, malgré les conclusions d’une enquête internationale, la diplomatie américaine n’a pas pu obtenir une condamnation explicite de Pyongyang pour le torpillage du Cheonan, mis à part une dénonciation qui épargne la Corée du Nord, en raison de l’obstruction russe et chinoise sur ce dossier.

Cela étant, la Corée du Sud et les Etats-Unis organisent régulièrement des exercices militaires conjoints. Mais cette fois, leur ampleur n’a jamais été aussi importante depuis 1976, année où deux américains avaient tué par des garde-frontières nord-coréen.

Appelées « Esprit invicible », ces manoeuvres mobilisent en effet 8.000 militaires américains et sud-coréens, une vingtaine de navires et de sous-marins, dont l’USS George Washington de l’US Navy, ainsi que 200 avions, dont des chasseurs furtifs de type F22 Raptor.

Bien évidemment, Pyongyang n’est pas resté insensible à cette démonstration de force. « L’armée et le peuple de la RDPC (République démocratique populaire de Corée) lanceront une guerre sacrée de représailles, à leur façon et à tout moment où ce serait nécessaire, en s’appuyant sur la dissuasion nucléaire, afin de contrer les intentions belliqueuses des impérialistes américains et de leurs pantins sud-coréens » a fait savoir la Commission nationale de la défense nord-coréenne, par voie de communiqué. « Toutes ces manoeuvres belliqueuses ne sont que des provocations directers qui vident en fait à étouffer la RDPC par la force des armes » a-t-elle ajouté.

Si la Corée du Nord menace de mettre en oeuvre sa « dissuasion nucléaire » (encore faudrait-il qu’elle soit opérationnelle et que les nord-coréens soient en mesure de placer une charge nucléaire sur l’un de leur missile, ce qui ne semble pas encore le cas), la Chine s’inquiète également de ces manoeuvres conjointes a exprimé, le 21 juillet, « sa profonde préoccupation » au sujet de ces exercices pouvant « aggraver les tensions régionales ».

« Nous nous opposons à ce que des navires et avions militaires étrangers participent en mer Jaune ou dans les eaux proches de la Chine à des activités qui affectent les intérêts de la sécurité chinoise » a fait vaoir le ministère chinois des Affaires étrangères.

En effet, Pékin n’apprécie pas que la marine américaine, en l’occurrence la VIIe Flotte, vienne aussi près de ses côtes pour mener des exercices. Il faut dire que la puissance navale est devenue une priorité stratégique pour la Chine. Et pour cause : 90% de de son commerce extérieur dépend des voies maritimes. Et au cours de ces derniers mois, plusieurs incidents entre la marine chinoise d’un côté, et des bâtiments américains et japonais de l’autre, ont été relevés.

En mars 2009, par exemple, l’USNS Impeccable, un navire de « surveillance » croisant non loin de la base sous-marine de Hainan, avait été harcelé par une flotille chinoise, ne portant pourtant pas de signes militaires. Trois mois plus tard, le destroyer américain USS John McCain avait été impliqué dans un accrochage avec un submersible chinois au large de Subic Bay, aux Philippines.

Plus récemment, le passage d’une important flotte chinois, composée de huit navires de surface et de deux sous-marins, entre Okinawa (qui accueille plus de 40.000 soldats américains, ndlr) et Miyako, avait fait l’objet d’une vive protestation de la part de Tokyo, qui a par ailleurs dénoncé la manoeuvre dangereuse d’un hélicoptère chinois près d’un patrouilleur japonais.

Enfin, dernièrement, en mer de Chine orientale, Pékin a procédé à des tirs d’essais de missiles balistiques antinavire (ASBM) dérivés du Dongfeng 21D capables de couler un porte-avions. Cette capacité, si elle est avérée, pourrait changer le rapport de force entre les marine chinoise et l’US Navy, notamment en cas de crise au sujet de Taïwan, l’île revendiquée par Pékin.

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