Les premiers fruits de la méthode McChrystal

En matière de contre-insurrection, les progrès sont longs à venir. Cela tient à la spécificité de ce type de conflit. Dans une guerre classique, les données sont relativement facile à comprendre : deux adversaires dotés d’armes conventionnelles s’affrontent et au final, il y a un vainqueur et un vaincu au bout d’une période donnée.

Dans le cas d’une guerre insurrectionnelle, la problèmatique est nettement plus compliquée, notamment à cause de la nature de l’adversaire, lequel s’appuie sur la population civile pour poursuivre un but politique. D’où la stratégie que le désormais ancien commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), le général McChrystal, a soumis au président Obama l’an passé.

Fort de l’expérience irakienne où ont été appliqués les principes décrits par le colonel français David Galula, le général McChrystal a mis l’accent sur la protection des populations civiles afin de les couper de l’influence des taliban et autres mouvements insurgés. C’est pour cela qu’il a pris des mesures visant à restreindre le recours aux frappes aériennes – ou du moins à en renforcer les conditions d’engagement – afin d’éviter au maximum les dommages collatéraux.

Parallèlement aux actions militaires, une telle stratégie demande des efforts au niveau du développement et de l’aide humanitaire, toujours au profit des civils. Ces derniers doivent en effet sentir qu’ils ont plus à gagner en soutenant le gouvernement « légitime » de Kaboul plutôt que de prêter main forte à l’insurrection.

Lancée depuis décembre 2009, cette stratégie devrait avoir ses premiers effets d’ici à la fin de cette année. Bien que les troupes de la coalition subissent des pertes importantes, il est bien évidemment encore trop tôt pour parler d’échec, comme beaucoup sont tentés de le faire. « La conduite d’une opération de contre-insurrection est comme des montagnes russes. Il y a des revers, de même qu’il y a des zones de progrès et des succès » a rappelé le général Petraeus, la semaine passée, devant les sénateurs américains.

Le dernier rapport du Royal United Services Institute (RUSI) au sujet de l’opération Mushtarak illustre les propos de l’officier américain. Lancée en février dernier, cette offensive a concerné le district de Nad-e-Ali pour les troupes britanniques et celui de Marjah, pour l’US Marines Corp, tous les deux situés dans la province du Helmand.

« L’opération Mushtarak démontre que dans le sud de l’Afghanistan, l’ISAF pratique ce qu’elle prêche, une approche menée par la politique, une approche visant les populations pour contrer l’insurrection, et qui est généralement bien intégrée avec les forces afghanes » note ce document, rédigé par le professeur Theo Farrell, de l’université King’s College. Par ailleurs, et selon le rapport du RUSI, il y a clairement un effet McChrystal, caractérisé par « une vision stratégique claire ».

Ainsi, le document indique que des progrès significatifs ont été obtenus dans le districts de Nad-e-Ali, où une administration officielle a pu être mise en place, les services publics se renforcent et la circulation des civils et des forces de sécurité « a été améliorée de façon très importante », les taliban ayant été repoussés à la périphérie de la zone.

Progrès d’un côté, mais difficultés de l’autre, notamment dans le secteur de Marjah. Là, les choses évoluent lentement par rapport à la situation constatée à Nad-e-Ali. La raison tient à ce que ce district était exclusivement contrôlé par les taliban depuis au moins 2008, alors que le secteur dévolu aux forces britanniques avait fait l’objet d’un travail préparatoire.

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