Drones MALE : Sagem entre dans la course

Afin d’éviter une éventuelle rupture capacitaire dans le domaine des drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance), le ministère de la Défense envisage très sérieusement l’option d’acquérir des Predator B au point que le directeur général de l’armement, Laurent Collet-Billon doit se rendre aux Etats-Unis pour en discuter avec les dirigeants de General Atomics, le fabriquant de cet avion sans pilote..

Cette éventualité n’est évidemment pas du goûts des industriels européens, et surtout français, qui craignent de ne pas être en mesure de concurrencer leurs homologues américains – et israéliens – sur ce segment du marché, lequel est globalement évalué à 11,5 milliards de dollars à l’horizon 2020.

«Certes, il existe des contraintes budgétaires mais nous avons besoin de ces budgets pour préparer l’avenir et maintenir des bureaux d’études. Je vois mal la France être absente du secteur des drones, devenu stratégique » avait déclaré, le 9 juin dernier, Eric Trappier, le directeur général international de Dassault aviation, au sujet d’un possible acquisition de Predator B par le ministère de la Défense.

Actuellement, EADS espère que son projet de drone Talarion puisse s’imposer au final. Le groupe européen pourrait toutefois être contraint d’arrêter son développement, dont le coût est estimé à 3 milliards d’euros, si la France, l’Allemagne et l’Espagne, les trois pays auxquels il a été proposé, ne passent pas commande.

Le cas échéant, EADS a soumis à la France une nouvelle proposition portant sur 4 drones supplémentaires de type Harfang, les mêmes qui sont actuellement en service au sein de l’armée de l’Air. Cependant, les relations du groupe avec la firme israélienne IAI font que ces appareils ne pourront pas être livrés dans les temps pour éviter une rupture capacitaire. C’est en tout cas l’avis de deux parlementaires qui ont rendu un rapport sur ce sujet en décembre dernier.

De leur côté, Dassault et Thales poussent leur offre de drone SDM, conçu à partir du Heron TP d’IAI. Par ailleurs, les deux sociétés laissent entendre qu’une coopération franco-britannique pourrait se mettre en place afin de répondre aux besoins des deux pays.

Et puis est venu un troisième acteur qui pourrait tirer les marrons du feu. En effet, Sagem a soumis une offre à la Direction générale de l’armement (DGA) portant sur la pour l’achat ou la location de drones de type Patroller.

De par sa masse (1 tonne), cet appareil n’entre pas dans la même catégorie que les Predator B (ou MQ-9 Reaper) américains, qui est quatre fois plus lourd, mais dans celle des Harfangs. Le Patroller a été développé sur les fonds propres de Sagem, qui a travaillé sur ce projet avec l’entreprise allemande Stemme, spécialiste des avions légers hautes performances.

D’une autonomie de 20 à 30 heures, cet engin peut voler jusqu’à une altitude de 25.000 pieds et atteindre une vitesse de 300 km/h. Le Patroller est en outre équipé de toute une série de capteurs tels que le système d’observation optronique Euroflir 410. Qui plus est, il est interopérable avec les drones Sperwer (système de drone tactique, SDTI), en service au sein de l’armée de Terre.

Enfin, le Patroller a l’avantage d’avoir une longueur d’avance sur les projets concurrents, qu’ils soient français ou plus généralement européens. Les essais ce cet appareil, dont la technologie est déjà éprouvée, sont en effet en cours de finalisation.

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