Les Shebab diffusent une vidéo de leur otage fr ançais

Le 14 juillet 2009, deux ressortissants français furent enlevés alors qu’ils étaient à leur hôtel à Mogadiscio. Selon toute vraisemblance, ce serait un groupe proche de la milice dirigée par Ali Omar, alors ministre de l’Intérieur somalien, qui aurait fait le coup. Les deux hommes furent ensuite remis à deux organisations rivales, bien qu’étant islamistes et rebelles : les Shebab et le Hezb al-Islam du Chekh Hassan Dahir Aweys.

Selon le Quai d’Orsay, les deux Français « apportaient une aide au gouvernement somalien en matière de sécurité ». En fait, il s’agirait de membres de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) chargés de préparer une aide aux forces de sécurité somalienne.

A la fin du mois d’août dernier, « Marc Aubrière », l’otage alors aux mains du Hezb al-Islam avait réussi à échapper à la vigilance de ses géôliers. Quelques semaines plus tard, et alors qu’une opération américaine venait d’éliminer, sur leur territoire, le kenyan Saleh Ali Saleh Nabhan, un dirigeant d’al Qaïda impliqué dans les attentats contre de Nairobi et de Dar es Salaam en 1998, les Shebab avaient exposé leurs revendications pour libérer leur prisonnier français.

Depuis, l’on n’avait plus aucune nouvelle de l’agent supposé de la DGSE. Jusqu’à ce qu’une vidéo soit récemment diffusée par l’intermédiaire du Front médiatique global islamiste (GIMF). Ainsi, l’otage français y apparaît en tenue orange – qui n’est pas sans rappeler celle des détenus de Guantanamo ainsi que celle de prisonniers occidentaux décapités en Irak – et lit un message, entouré par quatre hommes lourdement armés et masqués.

« Je demande au peuple français de tout mettre en oeuvre pour ma libération » déclare, apparemment sous la contrainte, le prisonnier des Shebabs, qui a également répété les revendications de ses géôliers, lesquelles ne sont guère différentes de celles communiquées en septembre dernier (arrêt de tout soutien au gouvernement « apostat » somalien, retrait des « forces croisées », c’est à dire celle de la force de l’Union africaine déployée dans le pays (Amisom), ainsi que de la force navale française opérant au large de la Corne de l’Afrique, libération de « moudjahidines »).

Par ailleurs, l’otage français, qui s’appellerait Denis Allex, fait une référence aux élections régionales de mars dernier, en donnant des chiffres précis, ainsi que des résultats de sondages défavorables au président Sarkozy, en laissant entendre que son départ de l’Elysée favoriserait sa libération.

Les shebab, qui ont fait officiellement allégeance à al-Qaïda, démontre ainsi leur volonté de s’immiscer dans la politique intérieure des pays occidentaux. Pour mémoire, les attentats de Madrid avait été perpétrés quelques heures avant la tenue des élections législatives espagnoles, avec pour conséquence directe la victoire de José Luis Zapaterro, qui n’était pas alors donné vainqueur dans les sondages d’opinion, et la sanction du pouvoir alors en place, qui avait soutenu l’intervention de la coalition sous commandement américain en Irak.

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