Les forces spéciales américaines de plus en plus sollicitées

Est-ce une petite revanche de Donald Rumsfeld, l’ancien secrétaire à la Défense de l’administration Bush? La doctrine que ce dernier avait souhaité imposer à l’armée américaine se résumait sommairement par un recours accru aux forces spéciales combiné à des frappes aériennes. C’est ce qui avait notamment été appliqué avec succès en Afghanistan à partir d’octobre 2001, avec pour conséquence la chute du régime taleb à Kaboul.

Pourquoi alors parler de revanche de Rumsfeld maintenant? Parce que l’administration Obama compte de plus en plus sur ces forces spéciales et les opérations clandestines. Depuis que le successeur de George W. Bush est à la Maison Blanche, il n’aura échappé à personne que les frappes de drones au Pakistan, visant des responsables taliban ou appartenant à al-Qaïda et menées par la CIA ont été intensifiées.

Récemment, l’on apprenait que le général Petraeus, le chef de l’US Centcom, le commandement américain pour le Moyen Orient et l’Asie centrale, avait signé une directive approuvant la planification d’actions clandestines et de reconnaissance dans sa zone d’action afin de « pénétrer, perturber, vaincre ou détruire » al-Qaïda et les groupes terroristes affiliés, que ce soit en pays hostiles ou alliés.

D’où ce commentaire d’un officier cité par le Washington Post : « Obama a autorisé des choses que l’administration précédente n’aurait jamais autorisé. » Et ces opérations clandestines n’ont pas à faire l’objet d’un débat public, contrairement à celles qui sont planifiées officiellement par le Pentagone.

Selon le quotidien américain, les forces spéciales seraient désormais présentes dans 75 pays, contre 60 au début de l’année 2009, soit au moment de l’entrée en fonction de Barack Obama. Cela étant, il faudrait relativer l’importance de ces déploiements : sur les 13.000 soldats d’élites engagés à l’étranger, près de 9.000 le sont en Afghanistan et en Irak.

Cette implication de plus en plus importantes des forces spéciales américaines va de pair avec l’augmentation de leurs moyens. Pour 2011, leur budget devrait être augmenté de 5,7% par rapport à cette année pour atteindre 6,3 milliards de dollars (5,2 milliards d’euros).

Lors du débat au sein de d’administration Obama portant sur la politique à adopter pour l’Afghanistan, le vice-président, Joe Biden, avait défendu l’option faisant appel aux drones et aux opérations spéciales. Finalement, comme on le sait, il a été décidé de renforcer les troupes de la coalition déjà présentes dans le pays afin d’appliquer une stratégie de contre-insurrection, sur la base des recommandantions du général Stanley McChrystal, à la fois chef de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan, et du contingent américain déployé dans le pays.

A plusieurs reprises, le président Obama a indiqué qu’un debut de retrait d’Afghanistan pourrait avoir lieu dès 2011, ce qui est quand même assez court… Mais, dans le même temps, il est question de construire une nouvelle base à Mazar-e-Sharif, dans le nord du pays. Rien d’exceptionnel à première vue (la coalition y dispose de 700 installations) sauf qu’elle abritera un état-major des forces spéciales américaines, lesquelles devraient rester durablement dans le pays, au vu de la somme investie (de l’ordre de 100 millions de dollars)  et des infrastructures qui seront réalisées. Va-t-on vers un retour de la doctrine Rumsfeld?

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