Le président Sarkozy tente de rassurer les gendarmes

Voilà maintenant 18 mois que la gendarmerie nationale a été intégrée au ministère de l’Intérieur. Et au vu de la récente affaire concernant le commandant Matelly, l’officier gendarme suspendu pour avoir contesté ce rapprochement, et des remous qu’elle a provoqués au sein de cette institution, cela ne s’est pas fait sans mal.

Aussi, à l’occasion d’un déplacement dans le Loir-et-Cher, ce 3 juin, le président Sarkozy a expliqué les motivations du rapprochement des forces des sécurité intérieures et tenté de rassurer les gendarmes sur le maintien de leur statut militaire, dont certains craignent qu’il soit menacé à terme.

« Le rattachement au ministère de l’Intérieur, c’est un choix que j’ai assumé, défendu et qui est absolument sans retour » ainsi déclaré le chef de l’Etat. « Qui peut comprendre que la délinquance rurale dépende du ministère de la Défense et la délinquance urbaine de celui de l’intérieur? » a-t-il poursuivi devant les gendarmes de la brigade de Lamotte-Beuvron.

« Il y a deux forces de sécurité en France qui ont les mêmes responsabilités, que nous traiterons à égalité et qui doivent être mises sous même commandement » a encore affirmé le président Sarkozy. Seulement, en raison de statuts différents, policiers et gendarmes n’ont pas tout à fait les mêmes droits, les premiers pouvant s’exprimer et se syndiquer sans risquer de sanctions, ce qui n’est pas le cas pour les seconds, ce qui explique en partie les réactions exprimées récemment par certains.

« Votre statut de militaire, vous allez le garder naturellement » a encore promis le président Sarkozy. « Est-ce qu’il vaut mieux être dans un ministère à deux forces ou dans un ministère à quatre armes » a-t-il aussi demandé, en laissant entendre que la gendarmerie avait été le « parent pauvre » du ministère de la Défense.

Au cours de sa visite, le président Sarkozy a également évoqué l’usage du pistoler à impulsions électriques Taser. « Avec ça, on n’a pas besoin d’être dix pour arrêter quelqu’un (…), c’est mieux que les effectifs » a-t-il avance.

Les effectifs justement… Cette question a été abordée lors d’un déjeuner de travail au groupement de gendarmerie du Loir-et-Cher à Neung-sur-Beuvron. Et, selon un sous-officier qui y a assisté, le chef de l’Etat aurait confirmé la politique de non remplacement d’un départ à la retraite sur deux, et par conséquent, la diminution à terme du nombre de gendarmes.

Cette perspective a fait réagir le Parti socialiste qui, par voie de communiqué, a fait valoir « qu’aujourd’hui, les effectifs de la gendarmerie sont au niveau de ceux de 2002, en 2013, ils seront au niveau de ceux du milieu des années 1990 : un rythme de destruction d’emplois supérieur à ce qu’impose la règle du non remplacmeent d’un fonctionnaire sur deux ».

Reste que l’on ne comprend que très difficilement cette mesure qui vise à faire baisser les effectifs de la gendarmerie, d’autant plus que le président Sarkozy a une nouvelle fois parlé de « lutte implacable contre le crime » lors de son déplacement dans le Loir-et-Cher.

Volonté encore une fois incompréhensible quand l’on regarde, par exemple, les effectifs du ministère de l’Agriculture, qui font toujours l’objet de commentaires en période électorale puisque ces derniers n’ont pas évolué alors qu’il y a de moins en moins d’exploitants agricoles… En 2003, on y comptait exactement 31202 fonctionnaires et contractuels. Actuellement, ils sont près de 40.000, si l’on en croit le site Internet du ministère.

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