Le directeur du renseignement américain poussé vers la sortie

A compter du 28 mai prochain, l’amiral en retraite Dennis C. Blair ne sera plus le dircteur du renseignement américain (DNI), seulement 16 mois après sa nomination à ce poste par le président Obama.

En effet, chargé de coordonner les actions des 16 agences de renseignement américaines, soit le travail d’une communauté de 200.000 personnes pour un budget de 75 milliards de dollars, Dennis C. Blair a annoncé sa démission le 20 mai.

Même si le président Obama lui a rendu hommage en faisant état de ses « remarquables états de service », il ne faut pas s’y tromper. La décision du DNI vient en effet après plusieurs dysfonctionnements dans la chaîne du renseignement américain, lesquels ont été fortement critiqués par l’administration actuellement au pouvoir à Washington, alors même que la création de ce poste de coordinateur, en 2004, était justement destinée à les éviter.

Parmi les derniers « ratages » des agences américaines du renseignement, il y a la tuerie de Fort Hood de novembre 2009, dont les signes avant-coureurs n’ont pas été détectés à temps alors que son auteur, un psychiatre de l’armée était en contact avec l’imam intégriste Aulaqui, lui même en relation avec le terrorisme international et pourtant surveillé par la CIA depuis 2001.

Autre fait marquant : l’attentat manqué contre un avion devant se poser à Détroit, le jour de Noël. Alors qu’il était signalé comme étant proche de la mouvance d’al-Qaïda, le jeune Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab avait réussi à prendre place à bord de l’appareil avec des explosifs. A ce sujet, un rapport de la Commission du renseignement du Sénat a parlé de « failles systémiques » du renseignement américain.

Et puis il y a également l’attaque suicide commise en décembre dernier, en Afghanistan, contre des membres de la CIA par un agent double opérant pour le compte d’al-Qaïda et visiblement soutenu par les taliban pakistanais.

Enfin, la récente tentative d’attentat à Times Square, le 1er mai, a sans doute été l’affaire de trop, d’autant plus que le principal suspect, un américain fraîchement naturalisé, venait d’accomplir un long séjour au Pakistan, plus précisément dans une région connue pour la forte activité des taliban locaux.

Cependant, la raison du départ de Dennis C. Blair tient aussi à des questions de rivalités au sein de l’administration américaine. En fait, ces « dysfonctionnements » récents du renseignement US ne seraient donc qu’un prétexte.

En effet, afin de pouvoir remplir sa mission au mieux, Dennis C. Blair a cherché à contrôler plus étroitement les activités de la CIA, notamment celles concernant le Pakistan et les frappes de drones. Seulement, la Centrale de Langley est dirigée par Leon Panetta, un membre du Parti démocrate qui a su tisser son réseau d’influence à Washington de par ses activités passées au Congrès.

Par conséquent, dans le conflit de personnes qui opposait l’ancien militaire et le politique, aux personnalités différentes, le président Obama a tranché en faveur du second en décembre dernier et la CIA a ainsi pu garder la mainmise sur ses opérations.

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