Malaise social chez Thales

En dépit de sa condamnation à payer 27% de l’amende de 630 millions infligée à la France dans l’affaire des frégates de Taïwan, le groupe français d’électronique de défense Thales a bien commencé l’année.

En effet, son chiffre d’affaires consolidé a progressé de 8% par rapport au premier trimestre 2009 et ses prises de commandes ont augmenté de 5%, pour atteindre 2,4 milliards d’euros, grâce à sa branche « Défense et sécurité ».

Toujours au registre des bonnes nouvelles, le carnet de commandes du groupe doit lui permettre d’assurer au moins deux ans d’activités et de réaliser un chiffre d’affaires de plus de 25 milliards d’euros.

Seulement voilà, le plan présenté en décembre dernier par le patron de Thales, Luc Vigneron, destiné à réduire les coûts et à augmenter la performance, a visiblement du mal à passer auprès des salariés.

Ainsi, à la veille de l’assemblée générale des actionnaires de Thales, qui doit se tenir ce 20 mai, l’ensemble des syndicats ont fait état d’une même voix de leurs inquiétudes quant à l’avenir du groupe. »Un malaise profond, sinon de défiance, s’est installé » ont-ils affirmé, par voie de communiqué.

En fait, l’origine de ce malaise remonterait à l’entrée de Dassault au capital du groupe, ce qui aurait provoqué, selon les syndicats, une « crise de gouvernance », qui n’a pas été résolue avec l’arrivée de Luc Vigneron à la tête de Thales.

Ce dernier est particulièrement visé dans le communiqué diffusé par les syndicats. Ceux-ci dénoncent en effet son « isolement cultivé » et « l’opacité dans le processus de décision ».

Par ailleurs, sont également pointé du doigt la politique salariale du groupe, jugée « insatisfaisante » au point qu’elle a « entraîné la plus forte mobilisation et le plus long conflit que le groupe ait connu depuis longtemps », le projet de réorganisation qui « a bouleversé les équilibres » sans régler les problèmes qu’il était censé résoudre et, enfin, les effets « néfastes » sur l’emploi du plan Probasis destiné à améliorer la rentabilité du groupe.

Ce malaise serait d’ailleurs perceptible chez les clients de Thales. Récemment, Airbus a fait part de ses difficultés avec le groupe d’électronique pour la mise au point du système de gestion de vol de l’A400M et même la Direction générale pour l’armement (DGA) lui aurait reproché des retards dans la livraison certains équipements.

Cela étant, Luc Vigneron a indiqué, ce 20 mai, avoir pris note de l’interpellation des syndicats mais a déclaré ne pas avoir la même appréciation qu’eux sur la situation du groupe. « Quand je vais sur le terrain, je ne ressens pas ce que vous dites » a-t-il répondu à une question portant justement sur ce malaise.

Toutefois, le patron de Thales a reconnu l’existence « d’une période d’incertitudes » à son arrivée qui  » a pu générer des inquiétudes ». Mais selon lui, tout cela fait désormais partie du passé. « Mon équipe et moi-même nous n’avons pas ménagé notre peine pour démultiplier l’information en interne et apporter des réponses aux questions légitimes » a-t-il encore affirmé.

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