Reprise des combats au Darfour

En août 2009 et au moment de céder le commandement de la force de maintien de la paix ONU-Union africaine (Minuad), le général nigérian Martin Luther Agwai avait estimé que le conflit au Darfour était terminé.

Seulement, et si les rébellion darfourie avait perdu son unité, le Mouvement pour la Justice et l’Egalite (JEM), d’inspiration islamiste, restait la principale organisation à pouvoir lutter contre les troupes du gouvernement soudanais et ses milices dans la région.

D’ailleurs, le JEM est impliqué dans les négociations avec Karthoum pour trouver un accord de paix, lesquelles avaient été précédées par la signature d’un cessez-le-feu en février dernier à Doha, au Qatar. Initialement, les discussions auraient dû être terminées avant le 15 mars. Mais les deux parties n’ont pas réussi à s’entendre avant ce terme et elles sont encore loin d’en prendre le chemin.

En effet, le JEM a gelé sa participation au processus de paix de Doha, en mettant en avant des opérations en cours de l’armée soudanaise contre ses positions. En avril, le porte-parole du mouvement rebelle, Ahmad Hussein Adam, avait en effet indiqué que des accrochages avaient eu lieu contre les forces gouvernementales à Jebel Jalik, dans l’ouest du Darfour.

Et, depuis, les combats ont manifestement pris de l’ampleur. Ainsi, l’armée soudanaise a fait indiqué qu’elle avait tué une centaine de militants du JEM le 14 mai dernier. « Nous avons libéré le Jebel Moon du Mouvement pour la justice et l’égalité et nous avons tué 108 d’entre eux » a déclaré un porte-parole militaire.

Pour justifier cette attaque contre les rebelles (qui négocient un accord de paix, faut-il le rappeler), le ministre soudanais de l’Intérieur, Ibrahim Mahmoud, a affirmé qu’il s’agissait de répondre à une attaque du JEM contre un convoi d’aide alimentaire destiné au Darfour-Sud. Cette version des faits a toutefois été démentie par le mouvement insurgé, qui a prétendu avoir répliqué à une attaque des forces gouvernementales.

Tout comme d’ailleurs le bilan donné par Karthoum au sujet des combats de Jebel Moon. Ainsi, par un communiqué mis en ligne sur son site Internet, le JEM prétend que, dans le cadre d’un vaste redéploiement, ses combattants avaient évacué les positions attaquées par l’armée soudanaise, laquelle s’en serait pris à des paysans et à des nomades. Cela étant, la Minuad a annoncé, le 17 mai, qu’elle allait déployer des forces à Jebel Moon afin d’escorter les missions d’évaluations humanitaires.

Par ailleurs, le même jour, d’autres combats ont opposé les troupes gouvernementales et les militants du JEM près de Nyala, dans le sud du Darfour. De source policière, 27 membres des forces loyalistes et 33 rebelles ont été tués au cours de ces affrontements, lesquels ont été confirmés par le JEM.

Toujours est-il que le processus de paix risque de se retrouver à nouveau dans l’impasse. Normalement, les discussions devraient reprendre à la fin du mois de mai, le temps que la nouvelle équipe gouvernementale sortie des dernières élections soudanaises se mette en place.

Seulement, et au vu des derniers développements de la situation au Darfour, le JEM pourrait quitter la table des négociations. « Nous sommes dans un réelle état de guerre après la violation par le gouvernement de l’accord de cessez-le-feu » a averti son porte-parole, le 14 mai.

Depuis 2003, et selon les estimations des Nations unies, la guerre civile au Darfour a fait plus de 300.000 morts (10.000 selon Karthoum) et 2,7 millions de déplacés.

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