Le groupe d’experts donne ses recommandations pour le nouveau concept stratégique de l’Otan

Mis en place en 2009 par Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan, le comité de 12 experts, présidé par Madeleine Albright, l’ancienne secrétaire d’Etat américaine sous l’ère de Bill Clinton, a rendu, le 17 mai, son rapport concernant le nouveau concept stratégique de l’Alliance atlantique.

Ce document d’une soixantaine de pages devrait faire l’objet de quelques amendements et autres modifications avant d’être définitivement adopté par les 28 membres de l’Otan lors du prochain sommet de Lisbonne, prévu à la fin de cette année.

Tout d’abord, les menaces auxquelles l’Otan devra faire face dans les dix prochaines années ne sont pas toutes identifiées. « D’ici à 2020, l’environnement de sécurité international connaîtra des changements, dont certains sont prévisibles et d’autres impossibles à anticiper » note le rapport.

Cependant, les experts ont mis l’accent sur les menaces non-conventionnelles, un agression militaire conte un pays membre de l’Otan ayant été jugée improbable, quoique non exclue.

Parmi les risques qui pèsent sur l’Alliance, l’on trouve ainsi une attaque de missiles balistiques, dotés ou non d’une charge nucléaire, des attentats commis par des groupes terroristes internationaux, éventuellement soutenus par un Etat, des cyberattaques « d’intensité variables », des perturbations touchant les axes d’approvisionnement, les conséquences des changements climatiques et, enfin, les effets d’une crsise financière.

Si le rapport des experts réaffirme les principes fondateurs de l’Alliance, comme par exemple celui concernant la défense collective (article 5), l’Otan pourrait être amenée à intervenir partout dans le monde où ses intérêts et sa sécurité seraient menacé, ce qui suppose qu’elle doit préparer « des capacités expéditionnaires pour des opérations militaires au-delà de la zone du traité. Pour autant, elle n’a pas vocation à devenir une organisation « mondiale » et gardera ainsi son identité « euro-atlantique ».

Par conséquent, des pays comme l’Australie n’ont pas vocation à devenir l’un de ses membres, comme il en avait été question à un moment donné, mais plutôt un « partenaire ».

Cela étant, un élargissement de l’Otan est encore possible. C’est ce que les experts ont appelé la « politique de la porte ouverte ». On pense évidemment à l’Ukraine et à la Géorgie, qui ont fait acte de candidature. La Russie pourrait également, et si elle le souhaite bien évidemment, rejoindre l’Alliance. Mais en attendant que cette perspective devienne réalité – et l’on pourra attendre encore longtemps – le rapport du comité préconise un dialogue renforcé avec Moscou, dans le cadre du Conseil Otan-Russie.

Quant à la question des armes nucléaires, tant qu’il y en aura dans le monde, l’Otan ne devrait pas abandonner pas les siennes et toute décision concernant leur avenir devra être prise par l’ensemble des membres de l’Alliance. Récemment, plusieurs pays de l’Otan ont demandé le retrait des têtes nucléaires américaines de leur territoire. Visiblement, leur requête ne devrait donc pas aboutir.

Autre sujet pouvant prêter à polémique : la défense antimissile. La France s’est interrogée sur sa pertinence, notamment par la voix de son ministre de la Défense, Hervé Morin. Pour les experts, il va de soi qu’elle est nécessaire au point qu’elle a été promue au rang de mission militaire essentielle de l’Otan, afin de protéger les Etats-membres de la menace iranienne. Cependant, comme l’a souligné Anders Fogh Rasmussen, aucune décision n’a été pour l’instant prise quant à sa mise en place et le rapport ne précise pas les modalités de son financement, de son commandement et de son contrôle.

Par ailleurs, les experts du comité ont mis en avant la nécessite pour l’Otan de se réformer en profondeur, avec l’objectif de réaliser des économies. « L’Alliance devra aussi prendre le ferme engagement de dépenser mieux, grâce à différentes réformes et mesures efficientes » recommande le rapport, ce qui va notamment dans le sens des propositions françaises, faites par Hervé Morin. Le ministre de la Défense avait en effet pointé du doigt les effectifs pléthoriques des états-majors de l’Otan, les activités redondantes et le rôle mal défini des multiples agences.

Enfin, le comité a estimé que « le principal obstacle à la transformation militaire » est principalement dû à « l’insuffisance des dépenses et des investissements de défense en Europe ». Et en effet, seulement 6 membres européens sur les 26 que compte l’Otan consacrent 2% de leur PIB à leur outil de défense. Et les problèmes de l’Alliance rejoignent d’ailleurs ceux de la défense européenne car seuls une douzaine de pays du Vieux Continent « atteignent les objectifs de déployabilité et de soutenabilité des forces militaires ».

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