Al-Qaïda veut relancer la guerre confessionnelle en Irak

Depuis 2007 et le surge américain, c’est à dire l’envoi de renforts massifs préconisé par le général David Petraeus, la situation sécuritaire de l’Irak s’était améliorée, grâce notamment à l’appui de milices sunnites qui prirent les armes contre les militantes d’al-Qaïda.

A l’époque, la branche irakienne de l’organisation d’Oussama ben Laden tentait de provoquer une guerre civile en ciblant la communauté chiite, majoritaire dans le pays. Ainsi, sous l’impulsion de leur chef, Abou Moussab al-Zarkaoui, les militants d’al-Qaïda attaquèrent plus particulièrement les lieux de cultes du chiisme. En réaction, les sunnites furent pris pour cibles.

Les opérations de contre-insurrection américaines et la montée en puissance des forces de sécurité irakiennes permirent de porter des revers cinglant à al-Qaïda en Irak, le dernier étant l’élimination, le 18 avril dernier, de ses deux chefs, Abou Omar al-Bagdadi et Abou Ayyoub al-Masri, le successeur d’al-Zarkaoui, tué en juin 2006.

Cependant, et en dépit de ces succès, la branche irakienne d’al-Qaïda a gardé sa capacité de nuisance, comme la vague d’attentats du 10 mai l’a démontré, ainsi que celle d’avril dernier.

Pour autant, l’Etat islamique d’Irak – le nom d’al-Qaïda dans le pays – ne compte pas arrêter ses actions, lesquelles sont encouragées par l’impasse politique issue des dernières élections législatives organisées en mars. Ainsi, un nouveau chef vient d’être nommé, notamment pour remplacer al-Masri.

En effet, selon un communiqué diffusé par Internet et intercepté par SITE, le centre de surveillances des activités djihadites en ligne, un certain Al Nasser Lidin Allah Abou Souleiman aurait été nommé « ministre de la guerre » de l’Etat islamique d’Irak.

On ne sait que très peu de choses au sujet de ce nouveau responsable, si ce n’est qu’il serait irakien, à la différence de ces prédécesseurs (Zarkaoui était jordanien et al-Masri, égyptien). Dans un message audio, il a menacé les chiites de « jours sombres et sanglants » et annoncé une nouvelle vague d’attentats.

Et le jour même de la diffusion de ce message, au moins 25 personnes ont été tuées et une centaine d’autres blessés dans un double attentat commis à Tal Afar, dans le nord de l’Irak à l’occasion d’un match de football.

Cette attaque s’est déroulée en deux temps. Tout d’abord, une voiture piégée a explosé puis un kamikaze a actionné sa ceinture d’explosifs dans l’enceinte du stade où était rassemblés près de 200 spectateurs, en majorité chiites, venus assister à un match opposant deux équipes locales.

La ville de Tal Afar, proche de la frontière syrienne et point de passage des djihadistes infiltrés en Irak a été, par le passé, le théâtre de violents affrontements entre chiites et sunnites. Et ce n’est sans doute pas un hasard qu’elle ait été choisie pour cette nouvelle attaque.

En effet, en mars 2007, l’explosion d’un camion, puis celle d’une voiture, tous les deux piégés, dans deux quartiers chiites avaient provoqué une réaction contre les sunnites, avec des exactions sommaires à la clé. Bilan : 155 tués et 183 blessés de part et d’autre, sans compter 40 disparus.

Plus récemment, le 16 octobre 2009, un kamikaze avait tué un imam chiite avant de se faire exploser dans la mosquée al-Moultaqa. Douze fidèles y avaient perdu la vie et 67 autres avaient été blessés.

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