L’indigne sort fait aux sépultures des soldats morts pour la France

Le 6 mai, le ministère de la Défense a annoncé, par voie de communiqué, que sept stèles de soldats de confession musulmane, mort pour la France lors de la Première Guerre Mondiale, avaient été profanées dans le carré militaire du cimetière de Tarascon, dans les Bouches-du-Rhône.

Cet acte fait suite aux dégradations constatées sur des tombes de huit soldats marocains de la 2e Division Blindée du général Leclerc, le 21 octobre dernier, au cimetière communal de Montjoie-Saint-Martin, dans la Manche. Et aussi à celles qui avaient visé, au moins à trois reprises, le carré musulman du cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette, près d’Arras.

« Je veux faire part de ma profonde indignation devant un acte ignoble et lâche » a fait savoir Hervé Morin, le ministre de la Défense, au sujet de la profanation de Tarascon. « Je m’incline devant la mémoire de ces soldats avec d’autant plus d’émotion que cet ultime outrage semble les avoir volontairement visés pour leurs croyances religieuses » a-t-il poursuivi.

Et d’ajouter, dans un style proche du poème d’Aragon, « La rose et le réséda » : « Qu’ils croient au ciel ou qu’il n’y croient pas, qu’ils soient Français par le sang reçu ou par le sang versé, mes pensées, à la veille de la commémoration du 8 mai 1945, vont à tous les combattant qui ont offert leur vie de manière humble ou éclatante pour que vivent la France et une Europe, libres, justes et généreuses ».

Le secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens combattants, Hubert Falco, a qualifié ces dégradations « d’actes inqualifiables ». « La civilisation commence avec le respect dû aux morts » a-t-il fait valoir par communiqué. « Il s’y ajoute, pour tout Français, le devoir d’honorer ceux qui sont morts pour la patrie, la liberté et les valeurs de la République, sans distinction d’origine et de religion » a-t-il estimé.

Le Parti socialiste a quant à lui dénoncé un « un acte inacceptable et odieux » et demandé des « sanctions exemplaires ». « Encore une fois, nous observons avec une inquétude certaine la recrudescence de ces actes barbares » a indiqué Faouzi Lamdaoui, membre du conseil national du PS.

Pour le Conseil français du culte musulman (CFCM), il s’agit d’un acte « inqualifiable » qui est « l’expression d’un racisme odieux et insultant à l’égard de la mémoire de ces hommes qui sont morts pour la France et un outrage à la mémoire et aux valeurs de la République ».

Les soldats musulmans morts pour la France ne sont pas les seuls à être visés par des individus qui allient la lâcheté, l’ignominie et la bêtise la plus crasse. Comme par exemple, en avril 2005, l’affaire de la profanation du cimetière des marins français tués de l’attaque britannique de Mers el-Kébir, ce qui avait causé un profond trouble.

Plus récemment encore, et dans l’indifférence quasi générale, la tombe de Melam Baouma, un militaire de 22 ans du Régiment de Marche du Tchad (RMT) qui a perdu la vie lors de l’embuscade d’Uzbeen, en août 2008, a été vandalisée au début de cette année, en Nouvelle-Calédonie.

Par ailleurs, si ces dégradations sont indignes, l’abandon de sépultures de soldats français morts au combat l’est tout autant. Le cas du cimetière Saint-Charles, à Sedan, est révélateur.

En effet, 86 tombes de militaires tombés au champ d’honneur lors des conflits auxquels la France a pris part tout au long du XXe siècle, que ce soit en Indochine, au Maroc (guerre du Rif) ou encore en Algérie, sont actuellement menacées de disparaître, en raison de leur manque d’entretien.

« Ce cimetière militaire n’appartient à personne et ne dépend que des familles » a déclaré, au quotidien ardennais l’Union, Joël Lahiré, le président du Comité du Souvenir Français de Sedan. « Si rien n’est fait, il finira par disparaître » a-t-il encore prédit.

Heureusement, le Souvenir Français porte le projet de construire un monument où seraient inscrits les noms de ces soldats, dont le nom gravé dans leur pierre tombale finit par s’effacer sous les outrages du temps.

« Prenons soin de dire à nos enfants le sacrifice de leurs aînés car la paix n’est jamais définitivement acquise ». Telle est la devise du Souvenir Français. A méditer.

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