Un sous-marin américain à l’origine du naufrage du Bugaled Breizh?

Le mystère qui entoure le naufrage du chalutier breton Bugaled Breizh, le 15 janvier 2004, va-t-il être éclairci?

Deux hypothèses ont été mises en avant pour expliquer ce drame, au cours duquel cinq marins pêcheurs du pays Bigouden ont perdu la vie. La première, émise par le Bureau Enquête Accident Mer (BEA Mer), évoque une croche du train de pêche par un obstacle de fond.

La seconde, défendue notamment par les familles des victimes, avec le soutien de l’écrivain Yann Queffélec, pointe la responsabilité d’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA). C’est aussi l’avis du contre-amiral (2S) Dominique Salles, un sous-marinier de formation, qui avait rendu un premier rapport allant en ce sens.

En 2008, l’affaire aurait pu en rester là avec la décision prise par le juge d’instruction en charge du dossier de ne pas aller plus loin, compte tenu du fait qu’il n’était alors pas possible de continuer les investigations à cause du manque de coopération des Etats.

Le 27 novembre dernier, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Rennes n’a pas suivi la décision prise l’année précédente en ordonnant un complément d’expertise pour déterminer les causes exactes du naufrage et désignant Dominique Salles à qui il a été demandé de « dire que s’il s’est produit un événement particulier ou (…) s’il existait des raisons objectives justifiant la présence d’un ou de plusieurs sous-marins nucléaires d’attaque appartenant à l’une ou l’autre des nations détenant ce type de bâtiment » dans la zone où s’est produit le drame du Bugaled Breizh.

Et les conclusions de Dominique Salles ont fini par être rendues public. Selon ce nouveau rapport d’expertise, le responsable du naufrage du chalutier bigouden serait bel et bien un sous-marin nucléaire d’attaque, probablement américain. Ce dernier aurait été en mission de surveillance dans la zone du naufrage afin de surveiller un convoi de plutonium de qualité militaire japonaise qui devait arriver à Cherbourg.

Selon une source proche du dossier, citée par le Télégramme, il s’agissait pour les Américains de préparer un transfert analogue entre les Etats-Unis et la France en octobre 2004.

En effet, dans le cadre d’un accord de désarmement nucléaire passé avec la Russie en 2000, Washington avait choisi la France pour retraiter ses matières nucléaires militaires. D’où la volonté américaine de s’assurer de la sécurité d’un tel transfert vers Cherbourg et d’évaluer ainsi les moyens de protection que demande ce type d’opérations. Pour cela, il n’y avait que l’observation discrète – que seuls peuvent assurer un SNA – du convoi japonais, prévu pour arriver en France le 19 janvier 2004.

Pour ne pas être repéré par les bâtiments de surface de l’Otan devant participer à l’exercice Aswex 2004 qui devait se dérouler en Manche, le SNA américain aurait avancé sa venue dans la zone où pêchait le Bugaled-Breizh.

Cela étant, un précédent existe : en 2001, le sous-marin américain Greenville, alors en phase de remontée rapide, avaoit coulé un bateau de pêche japonais au large d’Hawaï.

Il reste donc à savoir si, effectivement, l’US Navy disposait bien d’un submersible en Manche, le 15 janvier 2004… Pour confirmer ou infirmer cette hypothèse, Dominique Salles préconise de lancer une commission rogatoire internationale vers les Etats-Unis pour le savoir. Et ce ne sera sans doute pas une partie facile…

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