Afghanistan : L’approche gagnante du 2e REP

« Lorsque nous voulons atteindre un résultat avec l’activité la plus intense, nos instructions aboutissent toujours à cette formule : travaillez à l’américaine » a écrit le maréchal Lyautey (*). Ce que les légionnaires du 2e Régiment Etranger Parachutiste n’ont précisément pas fait en appliquant plutôt les principes légués par le « pacificateur » du Maroc, qui peuvent succintement se résumer en trois points : respect des coutumes locales, emploi mesuré de la force (« rien de durable ne se fonde sur la force », a-t-il écrit) et tenir le terrain conquis pour faire « tâche d’huile ».

Lors du déploiement du 2e REP en Surobi, au début de cette année, la situation dans la vallée de Tagab est pour le moins compliquée : les insurgés y ont établi leur influence en profitant de la nature du terrain et de leur imbrication au sein de la population civile, laquelle vit dans des villages propices à tendre des embuscades. Chaque déplacement se fait alors en force car accueilli par des tirs nourris.

Le reportage d’Adrien Jaulmes, publié par le Figaro de ce 26 avril, met en lumière la méthode employée par le 2e REP – et plus généralement l’ensemble de la Task Force Altor – pour pacifier cette vallée. Il fait d’ailleurs écho à la lettre d’un capitaine du régiment, diffusée sur Internet après la mort du légionnaire Robert Hutnik, le 8 avril dernier.

Tout commence par un constat : les raids ponctuels dans le secteur ne mènent à rien et peuvent même être contre-productifs. Ainsi, il est apparu nécessaire de « tenir le terrain » afin d’éviter que ces opérations à court terme aient un impact négatif, non seulement sur les populations civiles, qui n’en voient que l’espect coercitif, mais aussi sur les insurgés, portés à croire qu’ils restent les vrais maîtres du terrain.

Pour y remédier, le lieutenant-colonel Meunier, le chef « opérations » du 2e REP, explique : « On a donc appliqué quelques principes simples », comme « éviter au maximum les pertes civiles, quitte à prendre nous-mêmes des risques, travailler en étroite collaboration avec l’armée afghane, tenir le terrain (ndlr: grâce notamment à l’édification de postes avancés, ou COP) et ne jamais rompre le contact sous le feu afin de ne pas laisser aux insurgés un sentiment de supériorité ». Et l’officier de conclure : « On a essayé d’avoir une approche globale et de tout faire en même temps : parler, construire, combattre ».

Cette approche, comme l’a souligné le lieutenant-colonel Meunier, suppose de prendre des risques, notamment pour faire un usage modéré de la force, afin d’éviter qu’il y ait des « dommages collatéraux ». Cela passe par l’observation des insurgés, de la découverte de leurs positions et de leurs points d’appuis, quitte à se faire tirer dessus sans répondre.

Une fois les points tenus par l’insurrection repérés, il revient ensuite aux groupes commandos du régiment déployés sur les hauteurs de faire feu avec une précision « chirurgicale », grâce aux fusils PGM et aux missiles Milan. « Quand on tire, ce n’est qu’à bon escient, sur des cibles identifiées. Et à ce moment-là, on tue » résume l’officier renseignement du régiment, dont les propos ont été rapporté par le Figaro.

Les résultats obtenus par la TF Altor ont suscité l’intérêt du général McChrystal, le chef de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan. La manière d’opérer du 2e REP répond en tout point à ce que l’officier préconise depuis son entrée en fonction.

Quant à savoir si le travail des légionnaires – et de leurs successeurs, à savoir les fantassins du 126e Régiment d’Infanterie de Brive – sera suivi d’effet une fois que le retrait des forces de l’Otan sera décidé, ce qui interviendra quand les forces afghanes seront jugées aptes à prendre le relai. « L’avenir, tu n’as pas à le prévoir mais à le permettre » a écrit Antoine de Saint-Exupéry. C’est précisément ce que font les militaires du 2e REP.

(*) Paroles d’action 1900-1296

Plus : Lire l’article « Le respect est la clé de votre sécurité », par le chef de bataillon BALDECCHI, stagiaire de la 16e promotion du CID

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