Accord au sommet nucléaire de Washington

Ainsi, les 47 participants au sommet nucléaire de Washington se sont mis d’accord, le 13 avril, pour mettre en sécurité leurs stocks de matériaux fissiles en quatre ans afin d’éviter qu’ils tombent entre de mauvaises mains.

La déclaration finale du sommet pose le risque terroriste comme « l’une des menaces les plus redoutables » pour le monde. Pour le président américain, Barack Obama, « des réseaux terroristes comme al-Qaïda essaient d’obtenir des matérieux nécessaires à l’élaboration d’une arme nucléaire ». Ce qui, pour Hillary Clinton, pourrait provoquer un million de mort si jamais l’une d’entre elles explosait à Times Square, à New York.

Certes, Oussama ben Laden a déjà fait de l’acquisition d’armes de destruction massive « un devoir religieux » afin de « défendre les musulmans ». Certes, des contacts ont eu lieu entre des dirigeants de la nébuleuse terroriste avec des ingénieurs nucléaires, notamment pakistanais, en 2001. Sans pour autant que cela aboutisse étant donné que les discussions ont tourné court après l’arrestation des scientifiques.

Seulement, et depuis quelques temps, il semble que les Etats-Unis en font un peu trop sur cette question. Comme Zone Militaire l’a déjà expliqué en décembre 2008, à l’occasion d’un rapport de la Commission sur la prévention de la prolifération des armes de destruction massive et du terrorisme du Congrès américain, un réseau terroriste comme al-Qaïda n’est pas en mesure de fabriquer par lui-même une arme atomique.

A cela, il y a plusieurs raisons : tout d’abord, l’organisation n’a pas toutes les compétences requises pour une telle opération. En effet, même si le principe de la fabrication d’une bombe A est relativement peu compliqué, il faut pouvoir la miniaturiser et maîtriser la détonique, c’est à dire le moyen pour la faire exploser. Cette dernière étape est cependant moins complexe avec de l’uranium enrichi qu’avec du plutonium, qui demande plusieurs détonations quasi-simultanées pour créer la réaction en chaîne qui va libérer l’énergie destructrice. Enfin, la mise au point par un groupe terroriste d’une telle arme serait facilement repérable par les services de renseignement.

Reste la possibilité d’en acquérir une, faute de pouvoir la fabriquer. Cette hypothèse est déjà plus vraisemblable que la première, d’autant plus que certains pays disposant de l’arme nucléaire n’offrent pas toutes les garanties nécessaires quant à la sécurité de leur arsenal.

L’on pense au Pakistan, aux prises avec un fort courant islamiste qui s’insinue jusque dans les arcanes de l’Inter-Service Intelligence (ISI), les services secrets pakistanais, dont certains membres soutiennent les organisations radicales, telles que le Lashkar-e-Taïba, ou même les taliban afghans.

L’effondrement de l’URSS en 1991 a probablement mis dans la nature quelques têtes nucléaires. A l’époque, il était estimé que les Russes pouvaient garantir le contrôle de 99% des 25.000 à 30.000 armes qu’ils détenaient. L’on peut donc supposer qu’au moins 250 d’entre elles ne sont actuellement pas localisées…

Même si les auteurs de thrillers militaires tels que Tom Clancy (La somme de toutes les peurs) et Stephen Coonts (Liberty) ont imaginé la possibilité d’un attentat commis avec des bombes nucléaires ayant appartenu à un Etat, il n’en reste pas moins qu’un tel acte reste compliqué à faire, même si la fiction a rejoint la réalité par le passé. En effet, pour amener une telle arme à Time Square, comme l’a suggéré Hillary Clinton, il faudrait posséder une capacité hors du commun pour passer inaperçu. Mais, malheureusement, on a déjà vu que le pire était toujours possible.

Le risque majeur reste cependant celui d’une « bombe sale », ou bombe radiologique. Le principe de ces engins est simple : il suffit de faire exploser un mélange radioactif afin de contaminer une zone déterminée. L’effet n’est pas aussi spectaculaire qu’un champignon atomique au-dessus de la Statue de la Liberté mais il peut être tout aussi efficace.

En 2002, José Padilla, alias Abdullah al-Mujahir, a été arrêté à Chicago alors qu’il était suspecté de préparer une attaque avec une « bombe sale » au nom d’al-Qaïda. Mais l’organisation de Ben Laden n’est pas la seule à être suspectée de vouloir utiliser ces types d’engins. En 2008, les autorités colombiennes ont accusé les Farc, la rébellion marxiste, d’avoir négocié l’achat de matériaux radioactifs pour fabriquer une bombe sale.

C’est donc pour éviter ce type d’attentat que la mise en sécurité des matériaux radioactifs est une condition nécessaire mais pas suffisante. Le sommet de Washington s’est en effet intéressé aux stocks d’uranium hautement enrichi et au plutonium. Seulement, il suffirait de quelques grammes de césium 137 pour fabriquer une bombe sale.

La preuve en est avec des événements qui se sont passés à Goiania, au Brésil, en 1987. Cette année là, des jeunes revendent à un ferrailleur un appareil de radiologie qu’ils avaient dérobé à un centre médical abandonné. A l’intérieur, il restait 20 grammes de césium, de la taille d’un grain de riz. Au final, près de112.000 personnes seront contaminées, dont 249 cas nécessiteront une hospitalisation et sept en seront mortes. Le tout, en l’espace de quelques heures.

Enfin, l’autre risque concernant le terrorisme nucléaire est le sabotage d’une centrale nucléaire. Un précédent existe : en mai 2008, deux individus avaient été appréhendés dans la centrale suédoise d’Oskarshamm avec de petites quantités de TAPT, le même explosif dont Richard Reid disposait pour faire exploser le vol Paris-Miami en décembre 2001.

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