La base militaire américaine au Kirghizstan n’est pas menacée

Le président Kourmanbek Bakiev introuvable, un gouvernement contraint de démissionner, entre 60 et 100 tués selon les sources… Tel est le bilan de la révolte populaire qui a enflammé le Kirghizstan, le 7 avril.

Porté au pouvoir en mars 2005 à la faveur d’un soulèvement (la révolution des Tulipes), le président Bakiev a déçu une bonne partie de ses partisans en raison d’une dérive autoritaire qui s’est traduite notamment par l’arrestation d’opposants et la nomination de membres de sa famille à des postes clés.

De plus, le Kirghizstan connaît une période difficile sur le plan économique, d’autant plus qu’il n’a pas de ressources et que ses habitants, dont la rémunération mensuelle n’excède pas les 100 euros par mois en moyenne, ont vu leur pouvoir d’achat fondre avec la hausse du coût de l’énergie, notamment due à la fin d’un tarif préférentiel accordé par la Russie pour le pétrole. D’où le mécontentement qui a abouti au renversement du gouvernement.

Cela dit, depuis 2001, les Etats-Unis disposent d’une base militaire importante dans le pays. Située à Manas, près de la capitale, elle est essentielle pour la logistique des troupes de l’Otan déployés en Afghanistan dans le cadre de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF).

Seulement, cette présence militaire américaine n’a pas toujours été du goût de la Russie, laquelle avait, en février 2009, consenti un prêt de 2 milliards de dollars à Bichkek pour l’inciter à fermer la base de Manas.

Finalement, cette dernière avait été maintenue après une longue négociation et une importante rallonge du bail accordé à Washington (60 millions de dollars par an).

Aussi, la nouvelle donne politique au Kirghizstan a suscité de l’inquiètude aux Etats-Unis quand à l’avenir de cette base. En effet, le nouveau Premier ministre du gouvernement intérimaire, Roza Otounbaïeva, a bénéficié du soutien de la Russie lorsqu’elle était dans l’opposition. D’où des soupçons d’une implication russe dans la révolte du 7 avril, ce que Moscou a démenti. Par ailleurs, les opposants kirghizes n’ont pas apprécié la relative indifférence américaine, et plus largement occidentale, face à la dérive autocratique de Bakiev.

Finalement, Roza Otounbaïeva a tenu à rassurer Washington sur les intentions de son gouvernement et cela, très peu de temps après sa prise de fonction. « Rien ne va changer » a-t-elle ainsi déclaré, ce 8 avril et les conditions d’utilisation de la base de Manas resteront les mêmes que celles imposées par le précédent gouvernement.

Cette attitude s’explique : au vu de sa situation économique, le Kirghizstan aurait du mal à se passer de la manne financière que lui procure la base de Manas. Au grand soulagement de Washington qui, en cas de sa fermeture, aurait eu à trouver une solution de rechange en urgence afin d’acheminer les renforts annoncés en décembre dernier pour le théâtre d’opérations afghan.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]