L’effet d’annonce du président sénégalais

En février dernier, il avait été convenu, lors d’une visite du ministre français à Dakar, que la France allait réduire drastiquement sa présence militaire au Sénégal et rendre notamment la caserne de Bel Air, qui abrite actuellement le 23e Bataillon d’Infanterie de Marine (BIMa).

Outre cette garnison, les Forces françaises du Cap-Vert (FFCV) utilisent d’autres installations au Sénégal : la base aérienne 160 à Ouakam, la zone militaire de l’aéroport Leopold Sédar Senghor ainsi que des facilités au port de Dakar.

Pour des raisons stratégiques et budgétaires, la France a décidé de maintenir une présence militaire importante sur la façade atlantique du continent africain au Gabon et de maintenir un « pôle de coopération » au Sénégal où les effectifs français devraient être ramenés, à terme, entre 200 et 300 hommes.

Seulement, le nouvel accord de défense entre Paris et Dakar qui doit remplacer celui entré en vigueur en 1974 n’a toujours pas été signé. Or, le président sénégalais, Abdoulaye Wade aurait bien voulu qu’il le soit pour fêter, le 4 avril, le cinquantième anniversaire de l’indépendance de son pays.

Et comme les discussions concernant ce nouvel accord traînent un peu, il a annoncé, le 3 avril dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, sa décision « de saisir l’offre de M. Sarkozy pour reprendre toutes les bases » françaises, c’est à dire qu’à partir du 4 avril à minuit, ces dernières sont passés sous souveraineté sénégalaise.

« Mais en raison des relations très anciennes que nous entretenons avec la France, j’ajoute que nous sommes prêts à discuter avec elle de sa demande d’octroi de facilités sur notre territoire pour qu’elle développe une coopération avec les Etats d’Afrique de l’Ouest » a-t-il ajouté.

Concrètement, cette décision du président Wade n’a rien changé sur le terrain et le 4 avril au matin, le drapeau tricolore continuait à flotter sur la caserne Bel Air. « La France est présente à l’invitation du Sénégal, tout cela est régi juridiquement par les accords de 1974 et il n’y aucun changement » explique-t-on au ministère de la Défense, d’après l’agence Reuters. Reste à attendre que l’entrée en vigueur du nouvel accord pour que les choses évoluent.

L’avenir de la caserne Bel-Air, qui s’étend sur 40 hectares en plein coeur de la capitale sénégalaise, semble fixé : il s’agit avant tout de la récupérer afin de réaliser de juteuses opérations immobilières. Cela étant, le départ des militaires français ne fait pas le bonheur de tout le monde. Le poids économique de cette présence est évaluée entre 25 et 30 millions d’euros, sans compter qu’environ 2.000 emplois locaux sont directement menacés.

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