Les déboires du F35

 

 

A terme, le F35 Lightning II Joint Strike Fighter (JSF) doit remplacer le F16 ainsi que l’A10 Thunderbolt de l’US Air Force, le F/A-18 Hornet de l’US Navy et l’AV-8B Harrier II de l’US Marine Corps. A cette fin, l’appareil sera disponible sous trois versions différentes.

Le F35A est destiné à l’armée de l’Air américaine. Le F35B, qui a la particularité de décoller et d’atterrir verticalement (STOVL pour Short Take-Off/Vertical Landing), doit équiper les. Enfin, le F35C est une version embarquée qui sera mis en oeuvre par l’US Navy.

Et justement, la marine américaine a rendu, en janvier dernier, un rapport très défavorable au sujet de cet avion, censé devenir le pillier des forces aériennes des Etats-Unis. Selon ce document, l’US Navy aurait plutôt intérêt à abandonner le programme JSF pour se consacrer uniquement à celui du F18 Super Hornet dans sa version E/F. La raison est avant tout économique : l’achat et le coût de l’emploi du F35 seraient trop élevés.

Et effectivement, et alors même qu’il ne devait pas, au départ, coûter trop cher, le programme JSF a plus que dérapé, au point de devenir l’un des plus onéreux de l’histoire de l’aviation militaire.

En mars 2008, le Government Accountability Office, l’équivalent de la Cour des comptes française outre-Atlantique, estimait que le développement, l’achat, la maintenance et l’utilisation des 2.443 F35 prévus pour équiper l’armée américaine allaient coûter 950 milliards de dollars, soit 38 milliards de plus par rapport à un précédente évaluation menée en 2007, qui prenait déjà en compte une hausse des coût de 29% depuis 2001.

Par ailleurs, le développement de cet avion, conçu par Lockheed-Martin, dépend également de ses clients, dont la plupart sont européens. Et mauvaise conjoncture économique oblige, certains d’entre eux ont fait savoir qu’ils reporteraient leurs commandes de l’appareil. C’est notamment le cas du Danemark et des Pays-Bas.

Autre problème rencontré : celui avec Israël. L’Etat hébreu en a commandé, dans un premier temps, 25 exemplaires.Un option sur 50 autres a été posée afin de permettre à la force aérienne israélienne de remplacer une partie de sa flotte de F15 et de F16. Seulement, les négociations semblent plus compliquées que prévues avec le Pentagone.

En effet, Israël voudrait équiper ses F35 avec de l’équipement électronique de fabrication locale afin de réduire de 100 millions de dollars le coût unitaire de chaque avion. Ce que Washington refuse pour le moment. Un autre point de friction concerne la maintenance des appareils : le Pentagone voudrait qu’elle se fasse aux Etats-Unis, ce qui est totalement exclu pour les Israéliens, qui souhaite au contraire confier cette tâche à leurs forces aériennes.

Mais à cela s’ajoute surtout les problèmes techniques et les retards accumulés. En 2009, seulement 16 vols d’essai sur les 168 planifiés ont été effectués. Au total, pour éprouver l’appareil, ses équipements électroniques et ses logiciels, il faudrait au moins 5.000 heures de vol. Le compte est donc loin d’être atteint.

Ces contre-temps ont fini par avoir raison de la patience de Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense. Début février, le responsable en charge de la gestion du projet a été débarqué et 614 millions de dollars qui devaient être versé à Lockheed-Martin ont été gelés.

Au final, le secrétaire général de l’US Air Force, Michael Donley, a annoncé, le 2 mars, que le F35 ne serait pas opérationnel avant la fin de l’année 2015, soit deux ans après la date de mise en service prévue. « Je crois vraiment que nous allons avoir un glissement » a-t-il en effet déclaré. « Nous voulons maintenir la pression sur les fournisseurs » a-t-il poursuivi, avant d’ajouter vouloir les « encourager à tenir leurs promesses et à livrer (le F35) dans les temps ».

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