Bavures de l’Otan en Afganistan

Depuis qu’il est à la tête de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), le général américain Stanley McChrystal insiste sur la nécessité d’éviter les « dommages collatéraux », dont les conséquences sont désastreuses non seulement pour les victimes civiles afghanes, mais aussi pour l’image des troupes de l’Otan. En effet, ce genre d’incident alimente la propagande des taliban, laquelle peut trouver l’oreille attentive de la population. Comme la stratégie de contre-insurrection repose essentiellement sur elle, autant dire que chaque « bavure », au-delà du drame qu’elle provoque, est un échec non seulement pour la coalition internationale, mais aussi pour le gouvernement afghan qu’elle soutient.

Seulement, et malgré des règles d’engagement strictes pour les éviter, il n’en reste pas moins qu’il est parfois souvent compliqué de les éviter. Et comme les insurgés se fondent parmi la population, chaque accrochage contre eux comporte le risque d’une éventuelle bavure. C’est d’ailleurs une des difficultés du combat contre-insurrectionnel, dont la teneur échappe aux modes de pensées classiques sur la guerre. C’est notamment ce qu’il s’est passé à plusieurs reprises dans le district de Marjah, où l’opération Mushtarak a été déclenchée le 13 février dernier. Au moins 15 civils auraient perdu la vie en raison de la trop grande proximité des insurgés, qui d’ailleurs n’hésitent pas à s’en servir comme boucliers humains.

Mais deux « bavures » de l’Otan échappent à ce cas de figure. En effet, le 18 février, une frappe aérienne a fait sept tués parmi les policiers afghans, dans la province de Kunduz, au nord du pays. Ce jour-là, une patrouille conjointes des forces de sécurité afghanes et de la coalition a été accrochée par des taliban dans le district d’Imam Sahib. Pour se dégager, un soutien aérien a été demandé et c’est donc dans ces circonstances que l’erreur s’est produite : au lieu de viser les assaillants, ce sont les policiers qui ont été bombardés.

Enfin, le 22 février au matin, un autre raid aérien a tué au moins 33 civils qui circulaient à bord de trois minibus dans la province de Daykundi, dans le centre de l’Afghanistan. « Un groupe de personnes soupçonnés d’être des insurgés, dont on pensait qu’ils allaient attaquer une unité conjointe des forces afghanes et de l’ISAF, ont été pris pour cible par des avions et certains d’entre eux ont été tués » a expliqué la force de l’Otan par voie de communiqué, le lendemain. « Quand les forces conjointes sont arrivées sur place et découvert des femmes et des enfants, elles ont transporté les blessés dans des centres de soins » poursuit-elle avant d’indiquer l’ouverture « immédiate » d’une enquête.

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