Coup d’Etat militaire au Niger

Le Niger, qui est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique, a la particularité d’être riche en uranium. Alors que le nucléaire civil a le vent en poupe actuellement, ce matériau est de plus en plus convoité. C’est dans les années 50 qu’y furent découvert, par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), les premiers gisements de ce minerai.

Le fait que le Niger est une ancienne colonie française a permis à Paris de prendre une place prépondérante dans l’exploitation de ses ressources en uranium, avec la présence dans le pays, depuis plus de 40 ans, du groupe Areva, anciennement appelé Cogema (Compagnie générale des matières nucléaires).

Aussi, le Niger a une importance stratégique pour ce groupe français spécialiste du nucléaire puisque près de la moitié de sa production d’uranium vient de l’exploitation de deux mines, Arlit et Akalan, situées à 1.200 km au nord de Niamey. En dépit d’une période marquée par des relations tendues entre le pouvoir nigérien et Areva, sur fond d’accusations de financement de la rébellion touareg, et au cours de laquelle des licences de prospection ont été accordées à des entreprises chinoises et canadiennes, cette part est appelée à s’accroître.

En effet, après avoir accepté une hausse de 50% du prix d’achat de l’uranium, Areva , qui est en outre le premier employeur privé du pays, a lancé, en mai 2009, un vaste chantier pour construire la mine géante d’Imouaren, qui sera à terme la seconde du monde et qui devrait produire 5.000 tonnes d’uranium par an. Pour cela, le groupe français a investi pas moins de 1,2 milliards d’euros. Dans le même temps, la Chine est entré dans le jeu. En 2008, Pékin a signé un accord d’exploitation avec Niamey pour un montant de 3,7 milliards de d’euros.

Est-ce que ces investissements étrangers ont fait perdre le sens de la mesure à Mamadou Tandja, un ancien militaire devenu président en 1999? Sans doute. Après dix ans de pouvoir, le chef de l’Etat nigérien a pris le risque de plonger son pays dans une grave crise politique en décidant de dissoudre le Parlement et la Cour constitionnelle, en août 2009, afin d’obtenir une prolongation d’une durée de trois ans de son mandat, sans avoir à se présenter devant les électeurs. Devant cette manoeuvre cousus de fils blancs, l’Union européenne avait suspendu l’aide qu’elle accordait jusqu’alors au Niger, lequel était menacé de sanctions économiques par la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest).

Mais quand on récolte le vent, on récolte la tempête, dit l’adage. Et la tempête s’est abattue sur Mamadou Tandja avec le coup d’Etat dont il a été victime le 18 février. Ainsi, après quatre heures d’affrontements et de tirs d’armes lourdes et légères qui ont fait trois morts à Niamey, le président nigérien a été arrêté par des militaires, qui ont annoncé dans la foulée la suspension de la Constitutions ainsi que la dissolution de toutes les institutions.

La junte, qui a ainsi pris le pouvoir, se fait appeler le « Conseil suprême pour le rétablissement de la démocratie » (CSRD). Dirigée par le chef d’escadron Salou Djibo, elle compte parmi ses membres le colonel Pelé, de son vrai nom Djibril Hima Hamidou, alors commandant de la zone de défense n°1 de Niamey et président de la Fédération nigérienne de football (d’où son surnom, en référence au joueur brésilien) ainsi que le colonel Harouna Adamou. Les deux officiers avaient déjà pris part au coup d’Etat de 1999, mené par le commandant Wanké, qui avait abouti à l’élection de Mamadou Tandja, ainsi qu’anx combats contre les rebelles Touaregs dans le nord du pays. Enfin, le colonel Goukoye Abdulk Karim, le chef du renseignement militaire, assure la fonction de porte-paroles des putshistes.

Ce coup de force militaire est le cinquième que connaît le Niger depuis son indépendance. A chaque fois, les mutins ont justifié leur action en disant vouloir mettre un terme à des dérives autoritaires. Ce que le président Tandja aurait sans doute dû méditer… Cela étant; l’on ignore toujours où ce dernier a été emmené après le putsch.

La junte n’a pas précisé combien de temps elle compte occuper le pouvoir mais son initiative semble, pour le moment, vue d’un bon oeil de la part des nigériens. En revanche elle a été critiquée par Jean Ping, le président de la Commission de l’Union africaine, lequel a demandé un « retour rapide à l’ordre constitutionnel. Pour l’UA, a rappelé son commissaire à la paix et à la sécurité, Ramtane Lamamra, « il n’y a pas de bon ou de mauvais coup d’Etat. Tous sont mauvais ».

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