L’opération Mushtarak se déroule « selon les plans »

Annoncée depuis quelques jours et lancée dans la nuit du 12 au 13 février, l’opération Mushtarak (Ensemble en Dari) vise à rétablir l’autorité du gouvernement afghan dans le district de Marjah et donc, d’en chasser les taliban qui y avaient établi une administration parallèle.

Cette offensive, qui mobilise 15.000 soldats, s’inscrit dans la nouvelle approche préconisée par le général américain Stanley McChrystal, le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) de l’Otan, qui consiste à mettre l’accent sur la protection des grands centres de population civile et le contrôle du « pays utile » par les forces afghanes.

L’opération Mushtarak se déroule donc sur deux axes : les forces britanniques, associées aux troupes afghanes, épaulées par leurs équipes d’instructeurs – dont une est armée par le 21e Régiment d’Infanterie de Marine (RIMa) de Fréjus, ont la charge du secteur de Nad Ali tandis que les soldats américains et leurs homologues afghans s’occupent de la localité de Marjah.

Selon le porte-parole de l’armée britannique, le général Gordon Messenger, la première phase de l’offensive, pour ce qui concerne Nad Ali, s’est déroulée « selon les plans », malgré quelques accrochages à l’arme légère. « Les taliban ont été incapables d’opposer une résistance cohérente » a-t-il ajouté, le 14 février. Comme ils l’avait déjà fait lors d’offensives de l’Otan précédentes, les insurgés refusent le combat et se replient en laissant derrière eux des engins explosifs improvisés (IED) et des snipers censés couvrir leur fuite. Cela étant, le vice-gouverneur de la province du Helmand a pu tenir une première choura (assemblée) avec les chefs tribaux de la localité de Nad Ali.

Quant aux opérations dans les environs de la ville de Marjah, les choses s’avèrent plus compliéquées, même si l’état-major afghan a annoncé, ce 15 février, que la « quasi-totalité » du secteur était sous contrôle. En effet, côté américain, on indique qu’il reste encore « des poches difficiles où les Marines butent sur une résistance opiniâtre ». Au cours de ces dernières heures, deux tentatives pour prendre un bazar de la localité se sont soldées par des échecs, en raison de tirs nourris de la part des insurgés.

Les nouvelles règles d’engagement, qui visent à empêcher, ou du moins à limiter les risques de « bavures », rendent à la fois plus compliquée et plus dangeureuse la progression des soldats alliés. Ainsi, ils ne peuvent que faire feu seulement en cas d’hostilité d’un individu.

« Je comprends les raisoons derrière ça, mais c’est si difficile de livrer une guerre comme ça  » a confié un marines à l’agence Associated Press. « D’autant plus que les taliban « utilisen nos règles d’engagement contre nous » a-t-il poursuivi, en précisant avoir vu des combattants islamistes se mêler dans une foule après avoir déposé leurs armes.

Cela étant, et malgré toutes les précautions prises pour éviter les dommages collatéraux, le tir de deux roquettes par un système américain d’artillerie mobile de type HIMARS (High Mobility Artillery Rocket System) a fait au moins une dizaine de tués parmi la population civile. Une erreur de 600 mètres sur la cible visée en serait à l’origine. L’Otan a ouvert une enquête et a suspendu l’utilisation de ce matériel.

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