L’Irak ne perd pas le nord

En décembre 2009, la France a annulé 80% de la dette irakienne, soit environ 4,8 milliards d’euros. Seulement, il y aurait de quoi regretter ce geste quand l’on sait que Bagdad vient de réclamer à Paris la rondelette somme de 651 millions d’euros, ce qui correspond au contrat portant sur la livraison d’une vingtaine de Mirage F1 qui ne lui ont jamais été livrés.

L’affaire remonte à 1985. A l’époque, les forces aériennes irakiennes possédaient déjà 90 avions de combat Mirage F1, conçus par Dassault Aviation. Sur fond de guerre contre l’Iran, l’Irak avait conclu un contrat avec la France pour l’achat de 24 appareils supplémentaires. Mais il y avait une condition : il fallait payer les 651 millions d’euros de cette transaction en avance.

Mais en 1990, le président irakien, Saddam Hussein, décide d’envahir le Koweït. En réaction, une opération militaire, rassemblant une vaste coalition sous l’égide des Etats-Unis, est alors légitimée par la communauté internationale pour libérer l’émirat. Dans le même temps, un embargo sur les armes à destination de l’Irak est décrété : du coup, les 24 Mirage F1 n’ont jamais été livrés, d’où la demande formulée par un comité interministériel irakien pour le remboursement de cette somme.

Depuis la chute de Saddam Hussein et l’avènement d’un régime plus « présentable », l’Irak cherche à retrouver ses matériels militaires éparpillés un petit peu partout depuis l’aventure koweïtienne afin de reconstituer le potentiel de ses armées. C’est ainsi que deux généraux irakiens se sont rendus en Serbie, en septembre dernier, pour négocier le retour dans leur pays de 19 chasseurs MiG21 et MiG23 partis en Yougoslavie en 1989 sans jamais revenir (*).

En fait, il est fort probable que cette demande de remboursement vise l’acquisition des Mirage F1 CT progressivement retirés du service par l’armée de l’Air française. Il semblerait, en effet, que les Irakiens ne soient pas sensibles à l’offre américaine consistant à leur donner des F16 mais à des coûts de maintenance hors de prix et qu’une solution russe ne les tente pas. Le prix pour reconditionner les avions français serait de l’ordre de quelques centaines de millions d’euros. Soit quasiment la somme réclamée.

(*) Voir Zone Militaire du 3 septembre 2009

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