JD Salinger, un vétéran d’Utah Beach

« Mon rêve, c’est un livre qu’on n’arrive pas à lâcher et quand on l’a fini on voudrait que l’auteur soit un copain, un super-copain et on lui téléphonerait chaque fois qu’on en aurait envie » confie Holden Caulfield, le personnage du roman l’Attrape-Coeur. Sans doute que tous les lecteurs de ce livre ont éprouvé cette sensation : ne plus le lâcher après avoir tourné la dernière page.

Ecrit par JD Salinger en 1951, l’Attrape-Coeur aura marqué des générations. Il n’est pas question de faire ici une critique littéraire de cet ouvrage, ni de rappeler ses multiples références dans la culture populaire contemporaine. En tout les cas, son succès, depuis sa parution, ne se dément pas. Encore aujourd’hui, il s’en vend 250.000 exemplaires par an. Cette popularité aura valu à son auteur de vivre dans une reclusion quasi-totale.

L’on ne sait que très peu de chose sur JD Salinger, qui vient de s’éteindre à l’âge de 91 ans, dans sa propriété du New Hampshire, aux Etats-Unis. Personnage très discret, fuyant les caméras et les honneurs, il n’a plus rien écrit – ou du moins publié – depuis les années 1960. Mais avant de connaître le succès avec l’Attrape-Coeur, Salinger a fait la guerre, comme bon nombre des gens de sa génération pourra-t-on faire remarquer.

Sauf que les écrivains qui ont participé au débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, ne sont pas très nombreux. Et JD Salinger faisait partie de ceux-là. Incorporé en 1942 au 12th Infantry Regiment, le futur auteur à succès a en effet débarqué sur la plage d’Utah Beach. Plus tard, il prend part aux combats dans les Ardennes, où l’armée allemande livre une contre-attaque pour repousser les forces alliées. Au cours de cette période, il fait rencontre sans doute déterminante Ernest Hemingway, alors correspondant de guerre.

Par la suite, JD Salinger est affecté au Counter Intelligence Corp (CIC), une unité de renseignement de l’US Army. Maîtrisant le français et l’allemand, il participe aux interrogatoires des prisonniers de guerre. Autre particularité de Salinger : il aura été l’un des premiers soldats américains à entrer dans un camp de concentration nazi. Le stress des combats et les émotions subies en découvrant cet océan de souffrance lui vaudront d’être hospitalisé pendant quelques semaines après l’armistice de 1945.

Une fois la guerre terminée, Salinger ne repart pas aux Etats-Unis : il rempile pour quelques mois de plus au sein du CIC. Il est alors question de « dénazifier » l’Allemagne et son service traque aussi bien les dignitaires et autres responsables du régime hitlérien que les scientifiques allemands ayant pris part aux programmes de recherches liés à l’arme atomique, aux fusées et à la cryptographie.

Pendant ces années de guerre, Salinger ne cesse pas d’écrire et ses nouvelles sont publiés par quelques magazines américains. Et puis est venu l’incroyable succès de l’Attrape-Coeur… Le dernier texte connu de lui est « Hapworth 16, 1924 », publié par le New Yorker, en 1965

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