A400M : Les négociations continuent

Rédigé à la demande des pays clients de l’avion de transport A400M, le rapport d’audit du cabinet PriceWaterhouseCoopers sur la situation exacte du programme porté par Airbus Military, une filiale d’EADS, n’est pas pour plaire aux dirigeants du groupe européen d’aéronautique et de défense.

Ainsi, selon ce document, dont le s’est fait écho le quotidien allemand Handelsblatt, EADS a « année après année, constamment et fortement » sous-estimé les coûts de développement de l’A400M. Par ailleurs, le rapport pointe des « manquements importants » de la la direction du groupe dans la gestion du programme. Quant à la prise en charge des surcoûts, évalués à 5 milliards d’euros, voire à 11 milliards si l’on prend en compte des « risques futurs » et les 2,4 milliards déjà provisionnés par EADS, PriceWaterhouseCoopers estime que le constructeur européen est en mesure de dégager 7,6 milliards d’euros.

Du coup, le ministre français de la Défense, Hervé Morin, qui connait les résultats de cet audit depuis la fin du mois de décembre dernier, a déclaré, en marge d’une réunion avec son homologue espagnol, « qu’EADS doit payer une part très significative des coûts ». Cette déclaration peut apparaître comme une volte-face du locataire de l’Hötel de Brienne puisqu’il avait affirmé, la semaine passé, être disposé à « porter une partie des surcoûts » de l’A400M. En fait, la France s’aligne en partie sur la position défendue par l’Allemagne, qui n’a pas l’intention de mettre la main à la poche pour acquérir les 60 appareils qu’elle a commandés.

Cependant, on estime chez EADS que « le rapport d’audit selon lequel » le groupe européen « pourrait supporter des dépassements de coûts est trompeur ». Par conséquent, il n’est pas question de les prendre en charge intégralement, déjà que 2,4 milliards d’euros ont été provisionnés pour y faire face. Pour le constructeur aéronautique, il ne faudrait pas que le développement de l’A400M perturbe d’autres programmes jugés essentiels, comme l’A380 et l’A350, dans un contexte où la concurrence dans l’aviation civile s’annonce difficile dans les prochaines années, le tout avec une parité euro-dollar jusque-là défavorable à l’avionneur européen.

En attendant, il faudra bien trouver une solution avant la rencontre des ministres de la Défense des pays concernés à Istanbul, en février prochain. Delà découlera l’avenir de l’A400M. Le 21 janvier, une réunion entre les pays client et EADS a été organisée à Berlin pour tenter de faire avancer le dossier. Et selon les propos du porte-parole du ministère de la Défense, Laurent Teisseire, rapportés par l’Associated Press, les négociations se sont tenues « dans une atmosphère constructive ».

Pourtant, le ministre allemand de la Défense, Karl-Theodor zu Guttenberg, avait annoncé la couleur quelques heures avant cette réunion. « La responsabilité, ainsi que les risques économiques liés au développement et à la production de l’A400M sont du ressort exclusif de l’industriel, selon les termes du contrat conclu en 2003. Notre aptitude au compromis concernant les dépassements de coûts et la demande de participation des Etats est extrêmement limitée » avait-il ainsi déclaré.

En fait, EADS souhaiterait imposer une hausse de 25% du prix de l’appareil à l’ensemble de ses clients, comme d’ailleurs l’a accepté la Grande-Bretagne en échange d’une réduction de sa commande. Et il semblerait que l’Allemagne, qui attendait initialement 60 avions, suive le même chemin. En tout les cas, la marge de Berlin est réduite car la chancellerie allemande s’apprête à prendre des mesures de rigueur pour diminuer les dépenses ainsi que l’endettement public et le Bundestag s’est prononcé résolument contre une renégociation du contrat A400M.

Cela étant, et selon le quotidien économique la Tribune, EADS serait prêt à faire un geste en mettant sur la table 800 millions d’euros de plus pour prendre en charge les surcoûts. Du moins, c’est qu’a affirmé une source présentée comme étant « proche du dossier ».

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