La Chine se lance dans la défense antimissile

La politique de défense chinoise est ambitieuse. En effet, devenue un géant économique grâce à des taux de croissance de son produit intérieur brut (PIB) à deux chiffres, Pékin cherche à se doter de capacités militaires à la hauteur de son statut de grande puissance en devenir.

Ainsi, en janvier 2007, la Chine entrait dans le cercle très restreint des pays capables de détruire des engins spatiaux en orbite en pulvérisant l’obsolète satellite météorologique Feng Yu avec un missile balistique. de portée intermédiaire (IRBM – Intermediate Range Ballistic Missile), tiré depuis le sol.

Trois ans plus tard, l’agence officielle Chine nouvelle a fait état, le 11 janvier, d’un essai réussi « de technologie d’interception à mi-course d’un missile depuis le sol, à l’intérieur de son territoire », tout en précisant que ce test était « de nature défensive » et qu’il ne visait « aucun pays ». Cette annonce est intervenue après la décision des Etats-Unis de fournir des système antimissiles Patriot PAC-3 à l’île de Taïwan, considérée par Pékin comme étant une province rebelle.

Vraisembalement planifié depuis longtemps, cet essai chinois de défense antimissile tombe bien puisqu’il peut être assimilé à une réponse à ce renforcement de l’armée taïwanaise, qui, outre les Patriots PAC-3, sera également dotée pour 6,5 milliards de dollars de nouveaux équipements – dont des hélicoptères de combat Apache -, dans le cadre d’un accord d’armement aprouvé par le Congrès américain en 2008, sous l’ère de l’administration Bush. Il peut être également vu comme un avertissement envoyé à Washington qui pourrait vendre ultérieurement à Taipei des avions de combat de type F-16.

Ces nouvelles capacités militaires chinoises ont de quoi inquiéter les responsables du Pentagone, d’autant plus que Pékin développe dans le même temps des missiles anti-navires susceptibles de gêner un éventuel déploiement naval américain dans le cas où Taïwan serait menacée. L’aptitude à détruire des satellites en orbite est loin d’être anodine non plus, quand on sait que l’armée américaine dépend énormément de l’espace pour ses communications, son renseignement et pour guider ses armes dites intelligentes.

Par ailleurs, l’armée populaire de libération (APL) s’apprête à subir une profonde réforme. En effet, les responsables militaires chinois ont intégré le fait que le nombre n’est pas forcément synonyme d’efficacité. Fortes de 2,3 millions d’hommes, les forces chinoises devraient perdre entre 200.000 et 300.000 au minimum au cours de ces prochaines années. L’idée est de les réorganiser en mettant l’accent davantage sur l’opérationnel au détriment du soutien. Les ressources dégagées – Pékin dépense officiellement 70,4 milliards de dollars pour sa défense (210 milliards selon le Pentagone) seront consacrées à l’équipement, et notamment à celui de la marine, afin de protéger ses voies d’approvisionnement en matières premières.

Cela étant, il est toutefois difficile d’avoir une idée précise de la réelle valeur de l’armée chinoise. Si l’on sait qu’elle est très performante dans le domaine du cyberespace, ce qui lui vaut régulièrement des soupçons, voire des accusations d’espionnage et de piratage via Internet, la qualité de ses matériels est discutable, même si, pour les dirigeants chinois, ils ont atteint les standards technologiques occidentaux. Par exemple, l’on sait que les sous-marin nucléaire lanceurs d’engins (SNLE), conçus localement, sont beaucoup trop bruyants pour être efficaces.

Il faut dire qu’en matière d’armement, la Chine reste dépendante de la Russie. Du moins sur le plan technologique, car elle met en oeuvre bon nombre d’équipements d’origine russe, revus et corrigés par les ingénieurs chinois, et même proposés à l’exportation, au grand dam de Moscou. Le système de défense antimissile récemment testé n’échappe pas à cet état de fait, car, selon toute vraisemblance, il s’agirait du HQ-9, fortement inspiré du missile russe S-300V.

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