Le transport aérien visé par une nouvelle tentative d’attentat

Le transport aérien demeure une des principales cibles du terrorisme, malgré les mesures de sécurité prises pour écarter toute menace. En effet, après la tentative avortée du Britannique Richard Reid de faire sauter le vol Paris-Miami en décembre 2001 et le complot déjoué en août 2006 visant à faire exploser simultanément en vol plusieurs avions commerciaux, une nouvel attentat a été évité, le jour de Noël, à bord d’un Airbus A330 de la compagnie Northwest Airlines, reliant Lagos (Nigéria) à Détroit (Etats-Unis), via une escale à Amsterdam (Pays-Bas).

Cette fois, un ressortissant nigérian de 23 ans, Umar Farouk Abdul Muttalab, un ancien étudiant de l’University College de Londres, avait fixé sur ses jambes des sachets de Penthrite, un explosif dérivé de la nitroglycérine, qu’il devait mettre à feu à l’aide d’un produit contenu dans une seringue. Alertés par son comportement et des bruits suspects, similaires à « un pétard dans une taie d’oreiller », des passagers, dont le réalisateur néerlandais Jasper Schuringa, ont réussi à le maîtriser avant qu’il n’accomplisse son geste.

Pour l’instant, les autorités américaines restent prudentes sur l’implication du réseau al-Qaïda dans cette tentative d’attentat et elles n’excluent pas qu’Umar Farouk Abdul Muttalab ait agi de son propre chef, comme plusieurs affaires récentes de terrorisme le suggèrent, à l’image de l’arrestation récente, en France, d’un physicien, qui, en relation avec des réseaux fondamentalistes via Internet, comptait mener une attaque contre le 27e Bataillon de Chasseurs alpins ou encore de la tuerie de Fort Hood, en novembre, perpétrée par un médecin militaire en contact avec un imam radical (13 tués).

Cependant, le kamikaze nigérian a lui-même avoué, lors de son interrogatoire qui a suivi son hospitalisation pour soigner ses brulûres aux jambes, avoir agi sur ordre d’al-Qaïda. Le numéro deux de l’organisation terroristes, Ayman al-Zawahiri, avait d’ailleurs dénoncé, le 14 décembre dernier, la « croisade » du président américain, Barack Obama, ce qui aurait, semble-t-il provoqué une activité particulière sur les sites djihadistes appelant à « faire échec à la guerre américaine contre l’Islam ». Et quelques jours avant cette tentative d’attentat, un message posté sur Internet par un militant de la branche yéménite d’al-Qaïda menaçait les Etats-Unis « d’apporter une bombe avant Noël ».

Le Yémen, justement. Selon sa famille, Abdul Muttalab y a séjourné l’été dernier. Officiellement, il s’agissait de suivre des cours d’arabe après avoir obtenu un diplôme d’ingénieur en mécanique en Grande-Bretagne. C’est vraisemblablement au cours de cette période que l’étudiant s’est radicalisé, au point que son père, Alhaji Umaru Muttalab, un important banquier, aurait averti les autorités américaines du virage pris par son fils.

Titulaire d’un visa américain délivré en 2008, Abdul Muttalab était inscrit dans une banque de données, appelée Tide, qui répertorie 550.000 personnes. Seulement, les informations le concernant n’aurait pas permis de le faire figurer parmi les 440.000 noms classés dans les fichiers du « Terrorist Screening Database », et encore moins dans ceux des « no-fly », qui recense les 4.000 personnes interdites d’embarquer à bord d’un vol commercial.

Toujours selon ses dires, le jeune nigérian aurait bénéficié de l’appui d’al-Qaïda pour la péninsule arabique (AQAP), qui lui aurait fourni le matériel nécessaire pour réaliser l’attentat. Pour une opération similaire, Richard Reid, membre du réseau d’Oussama ben Laden, avait été aidé dans sa tentative où il comptait faire détoner la même substance explosive retrouvée sur Abdul Muttalab.

Cela étant, selon la Rand Corporation, il s’agit de la 13e affaire de terrorisme recensée aux Etats-Unis depuis janvier 2009 et l’investiture de Barack Obama à la Maison Blanche, ce qui constitue un record depuis 2001.

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