Restructurations à l’horizon chez Thales

Avec l’augmentation continue des dépenses militaires au niveau mondial, Thales, le spécialiste français de l’électronique de défense pourrait ne pas connaître la crise. Seulement, le groupe a récemment lancé un avertissement sur résultats, considérant que « l’environnement économique global demeure très déprimé », même si son chiffre d’affaires réalisés de janvier à novembre reste stable, à 8,33 milliards d’euros. Seulement, sur la même période, les prises de commande sont en baisse.

Par ailleurs, l’électronicien a été contraint de passer provision de 102 millions d’euros au premier semestre en raison d’un surcoût concernant le développement des commandes de vol de l’A400M. Et le groupe a récemment renouvelé ce genre d’opération car « plusieurs programmes aéronautiques connaissent des difficultés ». Comme l’on peut s’y attendre, ces provisions « pèseront sur la marge exceptionnelle de l’exercice » et ne permettront pas à Thales de « renouer dès le second semestre avec une taux de résultat opérationnel » en phase avec ceux enregistrées les années passées.

Du coup, un plan de restructuration du groupe est dans l’air. C’est en tout les cas l’intention qui est prêtée à son Pdg, Luc Vigneron, par le Financial Times, dont les informations ont été confirmées par des sources syndicales. Selon le quotidien, Dassault Aviation, son deuxième actionnaire, aurait demandé d’améliorer « significativement » ses performances et la gestion de ses « gros projets ». En clair, le constructeur aéronautique estime que Thales doit faire des efforts de rationalisation et mettre une politique du résultat plus efficace.

Dans ce contexte, Luc Vigneron devrait annoncer, le 11 décembre, un plan fixant des objectifs de réduction des coûts et de performance. Le quotidien La Tribune (édition du 7 décembre) a donné ce qui pourrait être piste quant aux prochaines orientations du groupe. En effet, il serait question d’un échange d’activités entre Thales et Safran (groupe né de la fusion entre la SNECMA et Sagem) afin de mettre fin à la concurrence que les deux groupes se livrent sur certains marchés.

Selon ce projet, soutenu par l’Elysée et la Direction générale de l’armement (DGA), Thales récupérerait les activités de défense de Sagem (optronique, drones tactiques, etc…) et Safran recevrait en échange les activités liées à la biométrie ainsi que tout ce qui concerne les commandes de vol, mis à part les calculateurs embarqués du Rafale.

Cependant, il est difficile de se faire une idée de l’état d’avancement de ce projet.  En effet, le directeur général adjoint de Safran, chargé de la branche défense et sécurité, a indiqué, dans la lettre AeroDefense News du 1er octobre, que les négociations concernant cet échange d’activités étaient encore « très exploratoires ». En attendant, cela risque d’alimenter la spéculation autour d’un rapprochement des deux groupes. Une telle opération aurait sans doute l’avantage de régler bon nombre de problèmes juridiques que ne manquera pas de poser ce projet.

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