Le fondateur de Blackwater se rebiffe

La société militaire privée Blackwater a mauvaise presse. Lors de sa campagne qui devait le mener à la Maison Blanche, le candidat Obama l’avait fermement critiquée en dénonçant notamment le comportement de certains de ses employés accusés de manquer « cruellement de respect pour la vie des Irakiens » et d’agir « comme si la loi ne s’appliquait pas à eux ».

Celui qui allait devenir le président des Etats-Unis faisait ainsi référence à la fusillade déclenchée par des salariés de Blackwater le 16 septembre 2007 et au cours de laquelle 17 civils irakiens avaient été tué, à un carrefour de Bagdad. Cette bavure, qui fait l’objet d’une procédure judiciaire aux Etats-Unis, a d’ailleurs valu la suspension de la licence de la SMP en Irak et ses activités ont été depuis confiées à Triple Canopy Inc, un de ses concurrents.

Seulement, cet incident n’est pas un cas isolé. Selon une rapport établi en octobre 2007 par la Chambre des représentants, Blackwater a été impliquée dans 195 fusillades et pour 163 d’entre elles, ce sont ses employés qui ont ouvert le feu les premiers. De quoi faire une réputation de mercenaires à la gachette facile. Les militaires eux-mêmes ont dénoncé, durant leur audition devant une commission parlementaire, le comportement des salariés de la SMP, allant jusqu’à estimer qu’ils étaient « contraires à la stratégie de l’armée ».

Par ailleurs, Blackwater est étroitement associée à l’administration de l’ancien président Bush. Son fondateur, Erik Prince, un ancien Navy Seals, n’a jamais caché ses sympathies pour le camp néo-conservateur. Cette proximité explique, sans doute, le fait que la SMP ait activement participé aux activités secrètes de la CIA. D’après les révélations du New York Times faites en août dernier, la firme a travaillé pour le compte de la principale agence de renseignement américaine en détachant des employés pour armer les drones qui opèrent encore aujourd’hui depuis le Pakistan et en participant à un programme d’élimination ciblée des dirigeants d’al-Qaïda.

Et ces informations, mises sur la place publique, sont restées au travers de la gorge d’Erik Prince, qui s’est estimé « lâché » par les autorités américaines et plus précisément par l’administration Obama. « J’ai mis mon entreprise et moi-même à la disposition de la CIA pour des missions très risquées. Mais quand c’est devenu opportun politiquement, quelqu’un m’a jeté en pâture » a-t-il déclaré au magazine Vanity Fair. « Je ne comprends pas comment un programme aussi sensible a pu être l’objet de fuites. Et comble du comble, me dénoncer? » a-t-il ajouté.

Cependant, Erik Prince n’a pas vraiment de quoi se plaindre. D’après The Nation, depuis l’investiture de Barack Obama, en janvier 2009, la compagnie qu’il a créée, aujourd’hui appelée Xe, a passé des contrats avec le département d’Etat d’un montant total de 174 millions de dollars… Et c’est sans compter sur les « prestations de services » que la SMP a vendues à l’armée américaine en Afghanistan et ses activités au Pakistan qui ne sont pas bénévoles.

Âgé de 40 ans, Erik Prince a annoncé son intention de prendre du recul. « Je vais enseigner au lycée. L’histoire et l’économie. Je pourrais même peut-être devenir professeur de lutte. Indiana Jones était bien prof lui aussi » a-t-il affirmé à Vanity Fair.

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