L’Irak n’en a pas encore fini avec le terrorisme

Selon les données fournies la semaine dernière par les ministères irakiens de l’Intérieur, de la Défense et de la Santé, le mois de novembre 2009 aura été le moins violents que le pays ait connu depuis le début de l’opération Iraqi Freedom, conduite par les Etats-Unis en mars 2003.

Ainsi, 88 civils, 22 policiers et 12 soldats ont perdu la vie lors de violences le mois dernier et 432 personnes ont été blessées. Et l’insurrection a subi de lourdes pertes, avec 38 tués et 510 prisonniers. Depuis le début de l’année, le nombre de victimes irakiennes est de 3.114, ce qui deux fois moins qu’en 2008? Quant à l’armée américaine, ses pertes s’élèvent à 11 tués, dont deux au cours d’accrochages.

« Nous sommes ravis de la nette diminution du nombre des victimes du terrorisme mais notre joie ne sera entière que lorsque nous aurons éliminé toutes les menaces » a ainsi affirmé Ali Moussawi, un conseiller du Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki. « Nous appelons les services de sécurité et les citoyens à rester vigilants car l’ennemi est en embuscade et agi selon le principe ‘je tue, donc j’existe » a-t-il nuancé.

Et le fait est. Même si les chiffres encourageants du mois de novembre ont déjoué les prévisions les plus sombres, l’Irak n’en a pas fini avec le terrorisme et sans doute qu’ils ne sont que l’expression d’un répit avant une reprise des violences. Car il n’en reste pas moins que la menace reste pregnante. Et des communautés, en particuliers chrétiennes, sont les plus visées. Dernièrement, un couvent et une église ont été visés par des bombes dans la région de Moussoul, où, depuis un an, les violences à l’égard des chrétiens se sont multipliées (40 tués), provoquant le départ de 12.000 d’entre eux.

Si les attentats sont moins nombreux que par le passé, ils sont en revanche plus meurtriers, comme cela a été le cas le 19 août avec l’attaque des ministères des Finances et des Affaires étrangères (100 tués) et le 25 octobre, avec les explosions de deux voitures piégées aux abords du gouvernorat de Bagdad et d’autres bâtiments ministèriels (plus d’une centaine de tués).

Et comme ce 8 décembre, toujours à Bagdad. En effet, cinq attentats ont été commis quasi-simultanément vers 10H25 (heure locale) dans plusieurs quartiers de la capitale irakienne. Et d’après le mode opératoire utilisé par les terroristes, les soupçons se portent vers la mouvance islamiste. Au total, ces attaques auront fait au moins 127 tués et 448 blessés.

Là encore, ce sont principalement les institutions irakiennes qui ont été particulièrement visées, avec l’Institut de technologie, le palais de justice de Bagdad, le ministère du Travail et une antenne du ministère de l’Intérieur.

Selon le commandement américain en Irak, il faut s’attendre à un regain des attaques menées par al-Qaïda à l’approche des prochaines élections législatives, qui devraient être finalement organisées en mars 2010, soit presque trois mois après la date initialement prévue.

Le chef des troupes américaines déployées dans le pays, le général Ray Odierno, n’a pas exclu de demander un report du retrait de ses troupes de combat au cas où la situation se dégraderait. Ces dernières devront avoir quitté l’Irak d’ici août 2010, soit deux mois après la mise en service aux frontières irakiennes d’un système de surveillance vendu à Bagdad par les Etats-Unis pour 49 millions de dollars.

Constitué de caméras et de capteurs infrarouges, ce dispositif permettra à la police irakienne de garder un oeil sur 286 kilomètres (sur 605) de frontière avec la Syrie et 402 kilomètres (sur 1.460 km) avec l’Iran. Car c’est un autre paramètre de la sécurité en Irak : aussi bien Damas que Téhéran sont régulièrement accusé de faciliter les infiltrations de djihadistes sunnites et groupes chiites extrêmistes depuis leur territoire.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]