Le désarmement entre les Etats-Unis et la Russie attendra encore un peu

Signé en 1991 entre les Etats-Unis et la Russie (en fait, l’empire soviétique vacillant), le traité de désarmement START est arrivé à expiration le 5 décembre dernier sans que les négociations portant sur un texte visant à le remplacer aient abouties.

Dans une déclaration commune, les présidents Obama et Medvedev ont exprimé, le 4 décembre, leur « engagement de continuer à travailler ensemble dans l’esprit du traité START après son expiration » et avoir « la ferme intention d’assurer qu’un nouveau traité sur les armes stratégiques entre en vigueur le plus tôt possible ». Du coup, les discussions russo-américaines, qui ont débuté il y a maintenant six mois, se poursuivent à Genève, avec « un nouvel élan ».

Pourtant, les négociations étaient parties sur de bonnes bases, avec un mémorandum établi lors de la rencontre, à Moscou, du président Obama et de son homologue russe. Selon le document, l’objectif était d’amener, en 7 ans, les arsenaux russes et américains respectivement à 1.675 et 1.500 têtes nucléaires et à limiter les vecteurs à 1.100 pour la Russie et à 500 pour les Etats-Unis. Et l’annonce, par Washington, de l’abandon d’installer des éléments de son bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque, était de nature à faciliter les discussions.

Seulement, les choses se sont avérées plus compliquées que prévu. Plusieurs raisons peuvent être avancées. Par exemple, on peut soupçonner que les Russes, considérant avoir le temps pour eux, ont cherché à obtenir davantage de concessions de la part des Américains étant donné que le président Obama a fait du désarmement nucléaire un enjeu majeur de son mandat.

On peut également penser que des divergences parmi les dirigeants russes ont perturbé ces pourparlers sur le désarmement. Au vu de certaines déclarations récentes, il semblerait en effet que le président Medvedev et que le chef de son gouvernement, Vladimir Poutine, ne soient pas toujours sur la même longueur d’onde. Par exemple, le 3 décembre, le premier avait affirmé son soutien à la nouvelle approche américaine en Afghanistan et indiqué être prêt à aider à la formation de la police afghane.

Le même jour, le second avait lancé une charge contre les Etats-Unis, les accusant d’entraver l’adhésion de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), un dossier qui traîne depuis maintenant près de 15 ans. Et alors que Moscou s’était associé à une résolution de l’Agence internationale à l’énergie atomique condamnant les activités nucléaires iraniennes, le même Vladimir Poutine déclarait avoir en sa possession des informations selon lesquelles ces activités n’avaient pas de visées militaires.

Mais outre ces aspects extérieurs, il faut dire qu’il est difficile de trouver un compromis sur ce qui doit être pris en compte ou pas pour le désarmement. Exemple : les Russes voudraient que la défense antimissile et l’armement stratégique soient liés. Ce que les négociateurs américains refusent. Et quand bien même ils l’accepteraient, le traité serait immanquablement rejeté par le Congrès. Même chose pour les missiles de croisière non stratégiques, qui pourtant avaient été comptés par le Pentagone comme faisant partie des vecteurs nucléaires en 1991 avant d’être reversés dans l’arsenal des armements conventionnels.

Enfin, il y a la question des inspections. Les Américains ont une vingtaine de superviseurs à Votkinsk, à 580 km à l’est de Moscou, pour surveiller la production des missiles balistiques Boulava et Topol. Depuis 2001 et l’arrêt de la production des engins Peacekeeper, retirés du service en 2005, les Russes n’ont plus d’inspecteurs aux Etats-Unis…

Normalement, et si l’on en croit le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, « les efforts intenses en vue de la signature d’un accord bilatéral pour de nouvelles réductions et limitations d’armes stratégiques, juridiquement contraignant, touchaient à leur fin ». Une issue que la diplomatie américaine a indiqué espérer voir avant la fin de l’année, sans donner plus de précisions. En tout les cas, il apparaît peu probable que le président Obama soit en mesure d’aller chercher son prix Nobel de la Paix avec un traité de désarmement en poche.

Photo : Missile américain Peacekeeper

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