La Jeanne d’Arc part pour sa dernière mission

Ce 2 décembre, cet après-midi à Brest, le porte-hélicoptères Jeanne d’Arc va lever l’ancre pour son 45e et ultime voyage autour du monde. Signe que ce navire n’est pas comme les autres, le Premier ministre, François Fillon, a prévu d’assister à son départ.

Depuis sa mise en service, en 1964, ce bâtiment accueille l’Ecole d’Application des Officiers de Marine (EAOM), c’est à dire que c’est à son bord que les élèves de l’Ecole navale se frottent à la réalité des responsabilités qu’ils auront à exercer au cours de leur future carrière. Depuis 1999, la Jeanne est systématiquement accompagnée par une frégate ASM (en l’occurrence le Georges Leygues) afin d’assurer sa protection et permettre aux « midships » de s’initier à la lutte anti-sous-marine et aussi à la manoeuvre.

En 45 ans de carrière, la Jeanne d’Arc n’aura manqué son périple traditionnel qu’une seule fois, en 1997, à cause d’un problème d’approvisionnement de pièces mécaniques. Pour les reste, le vénérable navire a toujours répondu présent. Et ce qui explique en partie sa popularité est que son nom a été à plusieurs reprises associé à des opérations humanitaires, comme cela a été notamment après le Tsunami de décembre 2004 en Asie (opération Béryx) et l’ouragan Mitch, au Guatemala, en 1998. La « Jeanne » était aussi dans le coup lors de la libération des otages du Ponant, détenus par des pirates somaliens, en avril 2008.

Et puis, ce navire des années 1960 est aussi le témoin d’une « certaine idée de la France » puisque ses nombreuses escales dans le monde ont fait de lui un ambassadeur de premier ordre.

Mais la Jeanne d’Arc est aussi le symbole d’une époque, aujourd’hui révolue. Dans un contexte budgétaire tendu, il était devenu difficile pour la Marine nationale de garder un bâtiment qui lui coûte 15 millions d’euros par an, absorbe près de 10% de la consommation de carburant de sa flotte de surface et représente le plus important équipage après celui du Charles de Gaulle. Et puis son équipement, conçu du temps de la guerre froide, est désormais obsolète.

Après le retrait de la « Jeanne », la formation des élèves officiers se fera à bord d’un Bâtiment de projection et de commandement (BPC) de type Mistral. En l’état actuel des choses, c’est la seule solution qui a pu être trouvée. « C’est un pari que nous allons jouer en réel l’année prochaine » confiait au magazine DSI Technologies l’amiral Forrissier, le chef d’état-major de la Marine, en juillet dernier. Pour autant, ce dernier n’a pas renoncé à trouver un successeur au porte-hélicoptères. Seulement, ce navire dédié « ne pourra pas être franco-français » et « il devra forcément être européen, ce qui suppose qu’il y ait une formation européenne harmonisée » avait-il ajouté.

Mais pour l’instant, la Jeanne d’Arc est encore d’attaque. Pour sa dernière mission, elle participera à plusieurs opérations, concernant notamment la lutte contre les trafics de stupéfiants au large du Sénagal (NARCOPS) et de la Colombie et la surveillance des pêches dans les eaux de Saint-Pierre-et-Miquelon (POLPÊCHE). Quand elle rentrera à Brest, en mai prochain, elle aura contribué à former 6400 officiers et parcouru 1,760 million de milles nautiques (3,250 millions de kilomètres).

A noter : A l’occasion du dernier voyage de la Jeanne d’Arc, la Poste a édité deux timbres lui rendant hommage

A voir : Les 45 campagnes de la Jeanne d’Arc et de ses marins

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