Complément d’enquête sur le naufrage du Bugaled Breizh

En 2001, et alors qu’il était en phase de remontée rapide, le sous-marin américain Greenville avait coulé un bateau de pêche japonais au large d’Hawaï. Est-ce que ce scénario s’est répété avec le Bugaled Breizh? En tout les cas, c’est la thèse que souhaitent voir approfondie les familles des cinq marins du chalutier breton, qui a rapidement sombré le 15 janvier 2004 non loin du Cap Lizard, au sud-ouest de l’Angleterre.

Ainsi, le 27 novembre, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Rennes est allé dans leur sens en ordonnant un complément d’expertise concernant ce drame. Cette décision infirme celle qui avait été prise en 2008 par le juge d’instruction en charge de l’affaire, qui avait alors estimé qu’il n’était pas possible de poursuivre les investigations compte tenu du manque de coopération des Etats.

Un expert a été désigné, en la personne du contre-amiral (2S) Dominique Salles, un officier qui a accompli l’essentiel de sa carrière à bord des sous-marins, « de dire que s’il s’est produit un événement particulier ou (…) s’il existait des raisons objectives justifiant la présence d’un ou de plusieurs sous-marins nucléaires d’attaque appartenant à l’une ou l’autre des Nations détenant ce type de bâtiment » dans la zone du naufrage.

Lors d’une précédente étude, Dominique Salles avait indiqué que l’hypothèse d’un accrochage d’un submersible avec le chalutier  était « hautement probable », d’autant plus que la Royal Navy avait organisé ce jour là, un exercice naval, avant d’enchaîner, le lendemain, avec des manoeuvres de l’Otan en Manche. Toujours selon le l’ancien officier de marine, seul un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) aurait eu la puissance suffisante pour entraîner un bateau de pêche vers le fond.

Les pays qui ont des SNA en service au sein de leurs forces navales sont la France, la Chine, le Royaume-Uni, la Russie et les Etats-Unis. La justice a déjà eu accès à la position des sous-marins français au moment du drame. Quant à la Royal Navy, très présente dans la zone, elle a assuré que ses submersible ne sont pas en cause.

Il reste donc la possibilité d’un SNA qui aurait joué les espions pour observer les exercices britanniques et ceux de l’Otan. Mais la géographie sous-marine de la région où s’est produit le naufrage aurait rendu ce genre de manoeuvre très risqué pour le submersible lui-même. Cela étant, l’enquête a des chances de durer encore pendant longtemps : il sera en effet difficile d’avoir accès aux documents classifiées des différentes marines pouvant être impliquées dans le drame si les conclusions du contre-amiral Salles, qui seront connues avant le 31 mars 2010, confirment l’implication d’un SNA. Si tel n’est pas le cas, alors cette affaire se conclurait alors par un non-lieu.

A lire : Le débat entre le vice-amiral (2S) Laurent Mérer et l’écrivain Yann Queffélec, publié par Marine la revue de l’ACORAM.

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