L’oeil de Pékin

A l’occasion de la visite officielle de Barack Obama à Pékin, la semaine passée, la Chine et les Etats-Unis se sont engagés à développer leurs relations militaires bilatérales. En attendant, et si l’on en croit les conclusions du dernier rapport de l’US-China Economic and Security Review Commission (ndlr: USCC, Commision économique et de sécurité sino-américaine), les actes d’espionnage sur le territoire américain sont en constante augmentation.

Cela se traduit par des tentatives visant à recruter des espions aux Etats-Unis, en n’hésitant pas à mettre la main au portefeuille pour payer des informations. Cette approche est somme toute classique mais elle est toutefois en rupture avec l’habitude qui, jusqu’à présent, consistait à enrôler des Chinois vivant aux Etats-Unis en faisant jouer la corde patriotique. Autre méthode utilisée : celle dite du « false flag », c’est à dire qu’il s’agit de faire croire à un informateur qu’il travaille pour quelqu’un d’autre.

Et puis, bien évidemment, le cyberespionnage constitue le mode essentiel d’acquisition du renseignement pour les services chinois. Ainsi, il a été constaté une forte hausse des cyber-attaques contre les sites Internet des administrations américaines (+60%) et, selon le rapport de la commission, « une bonne partie de cette activité semble émaner de la Chine ». Ces attaques sont le plus souvent des tentatives d’infiltration afin de récupérer des données militaires et économiques.

« Les efforts d’exploitation informatique de la Chine en temps de paix sont concentrés en premier lieu sur la collecte de renseignements sur des objectifs américains et sur les organisations de dissidents chinois à l’étranger » indique le document de la commission consultative, ce qui fait dire à sa président, Carolyn Bartholomew, que l’Empire du milieu « change la manière dont se pratique l’espionnage ».

« Aujourd’hui, l’armement n’est plus seulement nucléaire mais aussi virtuel » notait le « Virtual Criminology Report », le dernier rapport de McAffe, la société spécialisée en sécurité informatique. Et le fait est, pour l’USCC , la Chine est en mesure de mobiliser une armée de pirates informatiques en cas de conflit.

Ce qui amène au concept de « cyberguerre », qui reste encore mal défini pour McAfee, qui note que plusieurs pays se sont lancés dans une course au cyber-armement. Car, dans le cyberespace, il ne s’agit plus de mettre en place des défenses mais de développer des capacités offensives susceptibles d’affecter le fonctionnement des réseaux de télécommunication, d’électricité, d’eau ou encore des transports qui sont tous reliés à Internet dans les pays développés.

Pour William Crowell, ancien directeur adjoint de la NSA, il ne fait plus aucun doute « qu’au cours des 20 ou 30 prochaines années, les cyber-attaques feront de plus en plus partie de l’arsenal de guerre ». Si l’on en croit  l’US-China Economic and Security Review Commission, il semblerait donc que la Chine ne soit pas en retard d’une guerre.

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