Afghanistan : Des villageois s’opposent aux taliban

Jusque là relativement épargné par l’insurrection qui sévit dans le pays, le nord de l’Afghanistan est en proie à une augmentation des violences armées depuis quelques temps. En fait, c’est la région de Kunduz qui est la plus concernée par ce phénomène.

Cette situation est le fait d’une combinaison de plusieurs facteurs. Tout d’abord, si le nord afghan est majoritairement peuplé par des tadjiks et des ouzbeks, la province de Kunduz présente la particularité d’être habitée aussi par des pachtounes, qui est l’éthnie dont est issu le mouvement taleb, d’où une certaine passivité de la population civile à l’égard de ce dernier.

Cela explique en partie la facilité pour les taliban de recruter des combattants locaux parmi les jeunes qui, en rejoignant les rangs de l’insurrection, sont payés pour combattre.

La raison qui pousse les rebelles à tant s’intéresser à la province de Kunduz est simple : cette région a acquis une réelle importance stratégique étant donné qu’elle est le point de passage des convois qui viennent du Tadjikistan voisin pour ravitailler les troupes de l’Otan déployées en Afghanistan. D’où les embuscades régulièrement tendue par les taliban dans cette zone, dont l’affaire de la frappe aérienne du 4 septembre dernier, sur deux camions citernes capturés par les insurgés, est une des illustrations.

A cela s’ajoute le sous-effectif des forces de sécurité présentes dans la province, qui, selon le gouverneur, Mohammad Omar, sont forte de 1.000 hommes seulement. Et ce ne sont pas les militaires allemands déployés dans la région qui peuvent empêcher l’implantation des taliban. Ces derniers parviennent à s’imposer dans certains districts et vont même jusqu’à établir une administration parallèle pour régler les litiges entre les habitants.

Récemment, une opération menée conjointement par les militaires afghans et américains s’est déroulée pendant cinq jours. Seulement, et malgré la violence des combats qui ont fait 130 tués du côté des taliban, les violences n’ont toujours pas cessé.

Aussi, des civils en ont assez de cette situation. Et ils n’hésitent pas à dire qu’ils veulent chasser les taliban. Tel est le cas d’Abdul Jalil Tawakal, le chef tribal du district de Qala-i-Zal. Ce dernier vient de former une milice avec d’autres maleks de la région pour tenter de mettre un terme aux agissements des rebelles.

« Les talibans comme les soldats étrangers nous assassinent, cela ne peut plus continuer. Alors nous avons décidé de prendre les armes et de chasser les taliban de nos villages. Et maintenant, nous vivons à nouveau dans le calme » a-t-il expliqué à l’Agence France Presse.

Selon le gouverneur de Kunduz, la milice créée par Abdul Jalil Tawakal ne serait pas un cas isolé dans la province. « Dans plusieurs districts, les habitants prennent spontanément les armes contre les taliban. C’est quelque chose qui marche et nous espérons avoir prochainement les moyens d’aider ces gens » a-t-il indiqué.

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