Sud-Waziristan : Succès à la Pyrrhus?

Pour l’armée pakistanaise, l’offensive menée depuis maintenant depuis plus d’un mois, contre les militants du Tehrik-e-Taliban et leurs alliés au Sud-Waziristan, est un succès. Les villes de Sararogha, Kaniguram et Makeen sont désormais sous le contrôle des militaires. En clair, l’opération est un succès, d’autant plus que la progression des forces gouvernementales va plus vite que prévu alors que la crainte de voir les combats s’éterniser était réelle.

Les militaires ont ainsi saisi d’importants stocks d’armes ainsi que de nombreux documents expliquant le mode d’emploi des ceintures d’explosifs ou encore la façon d’obtenir des armes. A Sararogha, la ville où a été tué, en août dernier Baïtullah Mehsud, l’ancien chef des taliban pakistanais, les combats ont semble-t-il été acharnés.

Appuyées par des moyens aériens et de l’artillerie, les forces pakistanaises sont donc venues à bout de cette place forte des militants islamistes, dont « les défenses étaient bien construites », selon le général Mohammad Shafiq.

Selon un bilan qu’il n’est pas possible de vérifier, près de 500 insurgés auraient été tués dans les combats, sur les 10.000 qui étaient supposés se trouver au Sud-Waziristan. Autrement dit, il est fort probable qu’ils aient préféré fuir l’avance de l’armée pakistanaise, tout en acceptant la confrontation ponctuellement. Ce qui fait dire au porte-parole de l’état-major, le général Athar Abbas, que « quelques uns ont sans doute quitté la région » mais que « beaucoup sont encore là » et qu’ils « ont fui dans la campagne, dans les zones boisées, des villages et des grottes ».

« Après avoir pris le contrôle complet des routes et des pistes, nous allons leur donner la chasse (..) où qu’ils soient » a encore promis le général Abbas. Et justement, si l’officier a raison, cette phase de l’opération risque d’être la plus compliquée, étant donné la nature du terrain, propice aux combats de guérilla que les forces gouvernementales ne maîtrisent pas suffisamment. Et si, a contrario, les insurgés se sont réfugiés au Nord-Waziristan, voire en Afghanistan, cette opération n’aura été qu’un coup d’épée dans l’eau, une sorte de victoire à la Pyrrhus, du nom de ce roi de l’Antiquité dont la citation « encore une victoire comme celle-ci et nous sommes perdus » a été rapportée par Plutarque.

Mais il semblerait que le premier scénario est à envisager sérieusement. En effet, les taliban ont admis, ce jour, avoir délibérément quitté les villes pour combattre les forces gouvernementales dans les montagnes.  »

« Nous n’avons pas été vaincus. Nous nous sommes volontairement retirés dans les montagnes pour piéger l’armée pakistanaise » a affirmé Azam Tariq, un porte-parole du mouvement taleb. « L’armée revendique la prise de la plupart des villes. C’est faux. En fait, nous avons évacué les vieux forts que nous avions pris lors de précédents affrontements. Les troupes sont piégées ici et nous reprendrons la zone. » a-t-il ajouté.

Cependant, l’un des objectifs affichés par les autorités pakistanaises est de mettre un terme à la vague d’attentats qui secoue le pays depuis maintenant plus de deux ans. Or, force est de constater que les opérations au Sud-Waziristan n’a pas réduit les activités terroristes car il ne se passe pas une semaine, voir même un jour, sans qu’une attaque suicide n’ait lieu, notamment dans la région de Peshawar. Ce 19 novembre, un kamikaze a fait exploser la charge qu’il portait sur lui devant un palais de justice. Bilan : 16 morts, qui s’ajoutent aux autres victimes des 7 autres attentats qui ont été commis en 11 jours. Au total, 110 personnes ont été tuées. Et même l’ISI, le puissant service de renseignement pakistanais, a été visé, le 13 novembre dernier.

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