Peut-on faire confiance à la police afghane?

L’incident au cours duquel cinq militaires britanniques ont trouvé la mort, le 4 novembre, pose la question de la fiabilité de la police afghane. En effet, l’attaque d’hier, commise à un barrage policier par un membre des forces de sécurité afghanes n’est pas la première.

Ainsi, le mois dernier, un policier afghan avait tué un soldat et blessé trois autres avant d’être abattu. En octobre 2008, l’explosion d’une grenade lancée également par un membre des forces de l’ordre afghane avait fait une victime parmi une patrouille américaine.

« Il se peut que les taliban aient utilisé un policier afghan ou alors qu’ils aient infiltré les forces de l’ordre. Nous devrons faire la lumière là-dessus », a commenté Gordon Brown, le premier ministre britannique, à la Chambre des communes. Et pour le président afghan, Hamid Karzaï, l’attaque d’hier serait un « incident isolé ».

Seulement, le souci est que les policiers afghans ne sont pas aussi intégres qu’ils le devraient, d’autant plus que la corruption fait partie du mode de vie en Afghanistan. En témoigne l’affaire de ces armes fournis aux forces de sécurité afghanes et qui sont revendues au marché noir au Pakistan ou qui équipent les insurgés. C’est notamment le cas des pistolets Walther P1, fournis par l’Allemagne et des fusils AMD-65, d’origine hongroise mais offert par les Etats-Unis à la police afghane.

Sur le terrain, il semblerait que les rapports entre les policiers afghans et les troupes de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) soient médiocres, pour ne pas écrire exécrables. Le reportage publié ce mois-ci par le Mensuel du Golfe du Morbihan (*) et portant sur les militaires du 3e RIMa et du 11e RAMa, actuellement déployés en Kapisa, est révélateur.

En effet, outre le fait que l’on apprend que les soldats afghans règlent leurs différends en échangeant des tirs d’armes automatiques dans l’enceinte même de leur cantonnement, l’article aborde les relations qu’entretiennent les militaires français avec la police afghane et qui vont jusqu’à la méfiance. « Les flics? Ils ne voient jamais rien, n’entendent jamais rien, ne sont au courant de rien » témoigne un marsouin. Le degré de confiance est tel que les soldats du GTIA Kapisa vont jusqu’à inspecter les abords des postes de police car « certains IED (ndlr: engins explosifs imporvisés) ont déjà explosé ».

Cela étant, la tâche des 150 gendarmes français qui seront chargés d’aider « l’Afghanistan à se doter d’une police efficace, professionnelle, soucieuse de respecter certains fondamentaux », pour reprendre les propos tenus par Brice Hortefeux lors d’une visite au camp de Satory, s’annonce très difficile. « Cette mission n’est pas anodine. Elle comporte des risques » a déclaré le ministre de l’Intérieur.

(*) « La drôle de guerre » des Morbihannais en Afghanistan, par Killian Tribouillard et Romain Joly – Uniquement disponible dans la  version papier du Mensuel du Golfe du Morbihan (30 rue Jean Gougaud, 56000 VANNES)

Photo : (c) Romain Joly

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