Sud-Waziristan : Les autorités pakistanaises affichent leur optimisme

« L’opération est jusqu’à présent une réussite. La résistance que nous avons rencontrée ne s’est pas manifestée avec la fermeté que nous attendions initialement » a déclaré Shah Mehmood, le ministre pakistanais des Affaires étrangères. « Nous désirons atteindre nos objectifs le plus tôt possible, avant l’arrivée de l’hiver. Au rythme où vont les choses, il semble que nous en seront capables », a-t-il ajouté, lors d’un déplacement en Malaisie.

Ainsi, pour Islamabad, l’offensive menée depuis le 17 octobre au Sud-Waziristan pour défaire le Tehreek-e-Taliban (TTP), responsable de la vague d’attentats qui endeuille le pays depuis maintenant deux ans, pourrait durer moins longtemps que les 6 à 8 semaines initialement prévues. Pourtant, un responsable militaire avait déclaré, le 22 octobre dernier, que les opérations en cours étaient susceptibles de se prolonger au-delà de la limite fixée par l’état-major, en raison de la nature du terrain et de la difficulté pour les soldats pakistanais à consolider leur position. « Grimper sur les montagnes et sécuriser les routes va prendre du temps » confiait une autre source militaire anonyme.

Pour l’instant, l’armée pakistanaise a affirmé avoir pris le contrôle de Kotkai, le village natal d’Hakimullah Mehsud, le chef du TTP et de la localité de Sherwangi Tor, où des preuves de la présence d’al-Qaïda dans la région ont été trouvées. Et puis, après d’intenses bombardements menés par des avions de combat ainsi que par des hélicoptères, et des tirs d’artillerie, l’état-major pakistanais a affirmé, le 1er novembre, avoir mis en fuite entre 600 et 800 combattants étrangers, principalement ouzbeks, à Konigurram, présenté comme étant un important centre opérationnel du TTP.

Seulement voilà : en 15 jours d’offensive, menée sur trois fronts, les forces pakistanaises n’ont progressé au Sud-Waziristan que d’une quinzaine de kilomètres seulement par rapport à leurs lignes de départ. Et Konigurram ne serait contrôlée qu’à « 50% », la progression des militaires étant freinée par des tirs de snipers. Et encore, il est difficile de parler encore de succès : les militants islamistes mis en fuite n’ont pas été neutralisés et à un moment donné, les forces pakistanaises devront bien s’attendre à les retrouver sur leur chemin.

Aussi, et sans doute pour faire accélérer les choses, Islamabad a mis à prix, pour 5 millions de dollars, la tête des principaux dirigeants du TTP. « Les terroristes du Mouvement des Taliban du Pakistan, interdit, sont impliqués chaque jour dans des actions meurtrières qui sont responsables de la mort de musulmans innocents » indique un texte publié par le journal The News. Ainsi, la plus forte récompense – 600.000 dollars – sera attribuée pour la capture du chef du TTP, ainsi que de celles de Wali ur-Rehman et de Qari Hussain Mehsud, responsables selon les autorités de l’entraînement des kamikazes.

Cela étant, le mouvement taleb pakistanais est loin de désarmer. Bien au contraire. Après le terrible attentat de Peshwar, commis la semaine dernière (130 tués), l’explosion d’une bombe artisanale a fait 7 morts parmi les militaires pakistanais, le 31 octobre, dans la région de Khyber, lieu de transit pour les convois d’approvisionnement des forces de l’Otan déployées en Afghanistan.

Et puis, ce 2 novembre, un autre attentat suicide a visé un hôtel de luxe à Rawalpindi, la ville qui est aussi le siège de grand quartier général de l’armée pakistanaise, situé près d’Islamabad. Cette fois, c’est un kamikaze à moto qui s’est fait exploser à proximité de l’établissement quatre étoiles « Le Shalimar ». Au moins 34 personnes y ont perdu la vie, selon un bilan provisoire.

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