Uzbeen : Deux familles de soldats tués portent plainte

Les proches de deux des dix militaires français tués lors de l’embuscade d’Uzbeen, en août 2008, en Afghanistan, ont décidé de déposer une plainte contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui, devant le tribunal aux armées de Paris (TAP).

Ainsi, Joël Le Pahun, qui a perdu son fils, Julien, âgé de 19 ans et grenadier-voltigeur au 8e Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine (RPIMa) de Castres, et l’épouse du sergent Rodolphe Penon, 40 ans, du 2e Régiment Etranger Parachutiste (REP) de Calvi, vont entamer une procédure judiciaire afin d’obtenir des éclaircissements sur les circonstances des combats de la vallée d’Uzbeen.

« Cette plainte ne vise pas le président de la République, son gouvernement ou le chef d’état-major des armées » a indiqué Joël Le Pahun au quotidien Le Parisien mais elle concerne « des individus qui n’ont pas (…) assumé leurs responsabilités, qui n’ont pas su gérer la mission qu’ils devaient mettre en place ».

« Nous soupçonnons l’existence d’une série de manquements dans la chaîne de commandement » a encore déclaré M. Le Pahun, qui assure agir pour les « soldats français qui combattent     aujourd’hui en Afghanistan » afin qu’un « tel drame ne se reproduise pas ».

Mais ce que cherchent avant toute chose ces deux familles, c’est de « connaître la vérité », relate encore Le Parisien. « Depuis plus d’un an, nous nous posons beaucoup de questions sur ce qui s’est réellement passé là-bas (…). Or, nous avons très peu de réponse » a justifié Joël Le Pahun.

Par ailleurs, le père du marsouin tué au combat met en cause certaines explications fournies par l’armée au sujet de l’embuscade. Ainsi, il ne croit pas la version selon laquelle un appui-feu n’a pas été possible en raison de l’imbrication des soldats français et de leurs assaillants lors des combats. « J’affirme qu’avec ces tirs (ndlr: de mortier) il y aurait eu moins de morts dans nos rangs » lance-t-il, toujours dans les colonnes du quotidien, après avoir mis en cause le remplacement à la tête du dispositif de l’officier qui avait préparer la mission car il devait s’occuper de « personnalités VIP arrivés à Kaboul ».

Cette plainte sera déposée par Maître Gilbert Collard. Et l’avocat a assuré qu’il ne s’agit pas « de critiquer l’armée » mais « de mettre en cause la hiérarchie militaire qui a commis des fautes dans l’organisation de cette opération militaire ». « Trouvez-vous normal que l’officier qui organisa la mission, qui devait l’encadrer, n’y va pas parce qu’il accueille des personnalités à Kaboul ? La guerre ce n’est pas un salon », a-t-il affirmé. Et que l’on rassure Me Collard, les militaires sont très bien placés pour le savoir…

Du côté du ministère de la Défense, on se montre prudent sur cette initiative. « Attendons que les familles confirment leur dépôt de plainte et le tribunal saisi à ce moment-là confirmera ou non sa recevabilité » a estimé Laurent Teisseire, son porte-parole, lors du point de presse hebdomadaire. « Il appartient à chaque famille de faire sa propre analyse de ce qui souhaitable de faire ou pas après la mort d’un de ses membres » fait-on valoir à l’Etat-major des armées (EMA).

Cependant, l’amiral Christophe Prazuck, le porte-parole de l’EMA, est revenu sur cette question. « L’analyse qui a été faite de cette opération, qui a été rendue publique l’année dernière, n’a pas révélé de faute dans la chaîne de commandement. Pour cette opération, les choses sont pour nous claires » a-t-il déclaré. « On tire toujours des lecçons de toutes les opérations qu’on conduit, ça nécessite une adaptation permanente » a-t-il ajouté.

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