Afghanistan : L’Otan soutient la stratégie du général McChrystal

Les ministres de la Défense des pays membres de l’Otan se sont mis d’accord, le 23 octobre à Bratislava, sur la nécessité de changer d’approche pour régler le problème afghan en fonction des recommandations faites en août dernier par le général Stanley McChrystal, le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) et des troupes américaines déployées en Afghanistan.

Dans son rapport d’évaluation de la situation, l’officier américain, inspiré par les préceptes développé par David Galula, le théoricien français de contre-insurrection, préconise principalement de concentrer l’action sur la protection de la population civile au lieu de se focaliser sur la chasse aux insurgés et de donner la priorité à la formation des forces de sécurité afghanes afin que ces dernières soient en mesure de remplacer au plus vite les troupes de l’Otan.

« Il y a un large soutien de tous les ministres à cette approche de la contre-insurrection » a déclaré Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan. « Les ministres admettent que traquer et tuer les taliban, cela ne règle pas le problème de l’Afghanistan » a-t-il poursuivi. « Le seul moyen d’empêcher que l’Afghanistan ne redevienne un refuge pour les terroristes, c’est de rendre ce pays assez fort » a-t-il encore ajouté.

Seulement, pour mettre en oeuvre la nouvelle stratégie contre-insurrectionnelle, le général McChrystal a besoin de renforts. Il est question de10.000 à 40.000 hommes supplémentaires. Et les ministres de l’Otan n’ont pas abordé cette question, qui fait actuellement l’objet d’un examen de la part du président américain Barack Obama.

« Il faut aussi des ressources, du personnel et de l’argent » a pourtant rappelé Anders Fogh Rasmussen et notamment « plus d’instructeurs pour soutenir les forces afghanes ». Actuellement, Il y a 68 équipes de 30 militaires chacune qui sont affectés à la formation de l’armée nationale afghane, via le dispositifs OMLT (Operational Mentoring Liaison Team). Or, pour porter les effectifs de cette dernière à 134.000 hommes, il en faudrait au moins une centaine. Et comme l’objectif du général McChrystal est de porter, à terme, ces effectifs à 400.000, un effort supplémentaire doit être fait.

« Même si la question des troupes ne se posait pas, plusieurs alliés ont laissé entendre qu’ils évoluaient vers une augmentation de leur contribution dans le pays » a déclaré Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense.

Pour la France, le président Sarkozy avait d’ores et déjà indiqué, le 15 octobre, qu’il n’était pas question de renforcer le contingent militaire français en Afghanistan. Quant au ministre de la Défense, Hervé Morin, il exprimé son scepticisme devant d’éventuels renforts militaires américains. « Augmenter les forces, ça ne règlera pas les problèmes (…) Il faut s’occuper des populations. En assurant la stabilité et la sécurité, en mettant en place des programmes (…) on crée une collaboration avec la population (…) qui les amènera à faire pression sur les taliban pour qu’ils rendent les armes » a-t-il déclaré à l’antenne de la station de radio RTL, le 22 octobre.

Or, c’est justement pour réaliser le programme décrit par Hervé Morin que le général McChrystal a besoin de plus de troupes sur le terrain… Quoi qu’il en soit, la stratégie du commandant de l’ISAF doit être approuvée par le président Obama. Ce dernier devrait annoncer sa décision après le second tour de l’élection présidentielle afghane, prévu le 7 novembre.

En fonction du résultat et des intentions américaines, les ministres des Affaires étrangères de l’Otan discuteront probablement de la question des renforts à l’occasion d’une réunion prévue à Bruxelles, les 3 et 4 decembre prochains.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]