Un officier de gendarmerie risque la radiation

Pour avoir exprimé publiquement ses critiques sur le rapprochement entre la gendarmerie et la police, le chef d’escadron Jean-Hugues Matelly, 44 ans, risque d’être radié des cadres pour avoir « commis un manquement grave à l’obligation de réserve », imposée par le Statut général des militaires qui s’impose aux gendarmes.

C’est l’instance disciplinaire de la Gendarmerie, le conseil d’enquête, composé d’un général de division, de quatre lieutenants-colonels et d’un commandant, qui a rendu cet avis, le 14 octobre dernier, après avoir été saisi de cette affaire par la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN).

Etant donné que la sanction proposée concerne un officier supérieur, il revient maintenant au président de la République de signer ou non le décret qui signifierait la fin de la carrière du chef d’escadron Matelly au sein de la Gendarmerie.

Egalement chercheur associé au CNRS, l’officier avait publié, sur le site Rue89, en décembre 2008, un article intitulé « La gendarmerie enterrée, à tort, dans l’indifférence générale ». Il s’était en outre exprimé sur les ondes d’Europe1. En juin dernier, la DGGN avait alors confié son cas au conseil d’enquête pour avoir exprimé « une désapprobation claire vis-à-vis de la politique conduite par le gouvernement » et outrepassé « l’exigence de loyalisme et de neutralité liée à son statut militaire ».

Proche de l’association Gendarmes & Citoyens, le chef d’escadron Matelly n’est pas en odeur de sainteté au sein de sa hiérarchie, qui n’apprécie pas du tout sa liberté de ton. Ayant porté l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme, cette dernière l’a débouté, le 30 septembre, ayant estimé que l’atteinte à sa liberté d’expression avait un « but légitime qui était de défendre l’ordre dans les forces armées ».

Cela étant, le cas du chef d’escadron Matelly pose un problème. Maintenant que le rapprochement entre les policiers et les gendarmes est entré dans les faits, il se trouve les premiers ont le droit de s’exprimer et de syndiquer, ce qui est refusé aux seconds en raison de leur statut militaire.

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