Incendie de Marseille : Le légionnaire mis hors de cause?

Pour avoir dirigé une séance de tir au camp militaire de Carpiagne en ayant utilisé des balles traçantes, l’adjudant Philippe Fontaine, du 1er Régiment Etranger d’Aubagne, avait été mis en cause dans l’incendie qui a ravagé plus d’un millier d’hectares aux portes de Marseille, en juillet dernier..

Au moment des faits, le préfet et les élus locaux n’avaient pas eu de mots assez durs à l’encontre du légionnaire. « Personnellement, je ne pense pas qu’il soit utile de faire des exercices militaires avec 32 degrés de chaleur et du vent, c’est vraiment quelqu’un qui ne doit pas être d’ici qui a donnée ces instructions » avait alors affirmé Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire de Marseille, qui avait également parlé de « stupidité incroyable ».

Pour l’armée de Terre, la réaction ne s’était pas faite attendre : le légionnaire avait été immédiatement suspendu de ses fonctions, dans l’attente de sanctions ultérieures. Selon l’enquête de commandement ordonnée sur cette affaire, le sous-officier « qui détenait toutes les qualifications et les aptitudes techniques pour diriger cette séance de tir » a « utilisé des munitions traçeuses, vraisemblablement à l’origine de l’incenduie, alors qu’il avait été informé des directives en interdisant l’usage ».

Mis en examen par la justice, l’adjudant Fontaine avait exprimé ses doutes quant à la cause du feu. « Je suis légionnaire, je ne vais pas me défiler si on estime que je suis en cause mais je veux faire entendre ma voix. Je suis conscient des conséquences d’un tel incendie mais je doute d’en être le coupable. J’ai de gros doute sur l’origine des feux », confiait-il le mois dernier au quotidien La Provence.

Et justement, le journal marseillais a eu accès à un pré-rapport établi par l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN) qui confirme les doutes du sous-officier et qui l’exonère de sa responsabilité dans l’incendie de juillet.

Ainsi, les analyses des experts de l’IRCGN qui ont porté sur indices recueillis sur le champ de tir sont formelles. « Nous pouvons conclure que ces fragments métalliques ne proviennent pas d’une chemise de balle traçante de 5,56 mm NATO modèle F5 du lot 17-RG-02 », c’est à dire que le départ du feu n’a pas été provoqué par les munitions qui avaient été percues par les légionnaires pour leur exercice de tir.

« J’ai décidé d’un tir à 25 m sur une butte de tir parce que, pour moi, il n’y avait pas de danger. Danes les premiers relevés, on me dit que le feu s’est déclaré juste derrière la butte de tir. Or, il faut savoir que ces balles sortent du canon de l’arme à 960 m/seconde et peuvent parcourir jusqu’à 3.000 mètres. Il me paraît impossible que les projectiles soient retombés juste derrière la cible alors qu’elles auraient dû ricocher beaucoup plus loin. Et puis, il y a eu cinq départs de feux quasi-simultanés ce jour là » avait expliqué l’adjudant Fontaine, le mois dernier.

Même si la responsabilité du sous-officier apparaît désormais moins évidente, il n’en reste pas moins qu’il est toujours sous le coup d’une sanction disciplinaire, l’armée de Terre ayant fait valoir qu’il avait fait tirer des balles traçantes alors qu’il savait  leur usage était interdit.

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