Le Sud-Waziristan dans la ligne de mire

Depuis avril dernier et l’avancée des taliban vers Islamabad, le gouvernement pakistanais a décidé de reprendre le contrôle des zones tribales le long de la frontière afghane et qui servent de bases arrières aux islamistes et autres activistes d’al Qaïda.

Après avoir mis les taliban en déroute dans la vallée de Swat, ainsi que dans les régions tribales de Bajaur et de Mohmand, l’armée pakistanaise se prépare à mener une offensive d’envergure dans le Sud-Waziristan, le bastion du Tehrik-e-Taliban¨(TTP). Ce n’est pas la première fois qu’il est question de s’attaquer à ce fief islamiste. Déjà, en 2004 et en 2008, les forces de sécurité y avaient subi deux cuisantes défaites.

Il faut dire que non seulement le terrain est particulièrement difficile mais aussi que la population locale est fondamentalement hostile à l’autorité d’Islamabad. Par ailleurs, il y aurait au moins 10.000 combattants islamistes présents au Sud-Waziristan. Le porte-parole de l’armée pakistanaise, le général Athar Abbas, s’attend à une « forte résistance » de la part des taliban et des militants du réseau d’Oussama ben Laden. « Avec l’aide de Dieu, la paix sera restaurée dans la région via une opération réussie » espère-t-il.

On ignore encore quand l’offensive sera lancée, même si la date est, semble-t-il, d’ores et déjà fixée. Depuis environ trois mois, des actions de harcèlement des combattants islamistes sont régulièrement menées et l’armée pakistanaise tente de boucler la région en déployant des milliers d’hommes à ses portes.

Cela étant, les militaires pakistanaises pourront difficilement se passer d’un appui américain, et plus précisément de force de frappe des drones stationnés dans le pays. En août dernier, c’est un missile tiré par un de ces engins sans pilote qui a permis d’éliminer le chef du TTP, Baïtullah Mehsud, remplacé depuis par Hakimullah Mehsud, dont la mort, récemment annoncée par Islamabad, a été démenti par l’intéressé par une intervention filmée.

Un des risques principaux est que l’armée pakistanaise soit enlisée au Sud-Waziristan, ce qui lui enleverait le crédit qu’elle a su gagner auprès de l’opinion publique locale lors de son offensive dans la vallée de Swat, ce qui pourrait avoir des répercussions politiques néfastes non seulement pour le gouvernement d’Islamabad mais aussi pour Washington, la population civile nourrissant déjà un certain anti-américanisme.

Par ailleurs, les forces de sécurité pakistanaises ont affirmé avoir tué, le 7 octobre, Nisar Ahmed, alias Ghazi Baba, un important commandant taleb dont la tête avait été mise à pris pour 80.000 euros. Le chef islamiste a perdu la vie lors d’un accrochage dans la banlieue de Mingora, la capitale du district de Swat.

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