Dassault fait le forcing en Suisse

Ces dernières semaines, il a été beaucoup question du contrat brésilien portant sur l’acquisition de 36 avions de chasse. Mais cela ne doit pas faire oublier l’autre compétition dans laquelle le Rafale de Dassault est engagé, avec le Typhoon du consortium Eurofighter et le Gripen de Saab.

En effet, ces trois constructeurs aéronautiques sont en lice pour tenter de remporter l’appel d’offres émis par la Suisse afin de remplacer ses vieux F-5 Tiger de conception américaine.

Et Dassault ne ménage pas ses efforts pour remporter ce contrat, estimé à plus de 2,2 milliards de francs suisses pour 22 appareils. Ainsi, le 2 octobre dernier, l’avionneur français a tenu une réunion d’information à Payerne, en vue de convaincre les industriels suisses de la pertinence du choix du Rafale pour Berne.  Et il a été surtout question des retombées économiques et technologiques auxquelles ces derniers peuvent s’attendre si l’avion français gagne l’appel d’offres.

« On parle de compensation pour l’économie suisse qui se chiffre à 2,2 milliards de francs en dix ans » a déclaré Michel Paskoff, de Dassault Aviation, soit exactement le coût que représente l’achat des 22 avions de combat. C’est à dire que l’argent dépensé d’un côté sera, quoi qu’il arrive, récupéré d’un autre.

Et pour équilibrer la balance, il est question que le constructeur aéronautique français passe des accords avec les industriels et les industriels suisses. Cela peut se traduire par des commandes de Dassault auprès d’industriels locaux pour certains composants, des contrats de co-développement, des échanges de licence ou encore des accords passés avec des universités du pays pour ce qui concerne la recherche.

« La Suisse romande veut au moins un tiers de ces mesures de compensation » a réclamé Giovanni Giunta, le représentant du Groupe romand pour le matériel de défense et de sécurité (GPRM). « Le Rafale est un excellent dossier » a-t-il estimé. Et même sans doute plus qu’excellent si l’on pense aux facilités éventuellement accordés aux aviateurs suisses si jamais l’avion de Dassault est retenu.

« Un tiers du montant promis a déjà été signé avec des dizaines de partenaires hélvétiques » a rappelé Olivier Peipse, le responsable du dossier suisse chez Dassault. « Ces contrats seront honorés, même si un autre avion est préféré » a-t-il ajouté.

Cependant, l’achat du Rafale, ou de ses autres concurrents, est loin d’être finalisée. D’une part, il faut attendre la publication du rapport de sécurité établi par les services du ministre de la Défense. Selon ses conclusions, les autorités suisses devraient avoir une idée plus précise de l’avion qu’il leur faut en fonction des missions qui seront dévolues à l’armée. Le choix de l’appareil devrait être connu en février 2010 au plus tard.

Mais le vainqueur ne devra pas se réjouir trop vite. Il faudra en effet attendre le résultat d’un vote, réclamée par le groupe Suisse sans armée (GSsA) qui demande un moratoire de dix ans sur tout achat d’un nouvel avion de combat. Si l’initiative de ce mouvement est repoussée, les commandes devraient être passée en 2011 et les premières livraisons attendues en 2013, voire en 2015.

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