Le général Georgelin juge l’option militaire contre l’Iran risquée
Alors que Téhéran a remis, le 9 septembre, une série de propositions aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (France, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine) sans toutefois remettre en cause son programme nucléaire, le général Jean-Louis Georgelin, le chef d’état-major des armées (CEMA) s’est exprimé, le 10 septembre, sur l’éventualité d’une intervention militaire en Iran, en marge d’un discours concernant l’Otan, à Washington.
Selon le général Georgelin, une option militaire visant à empêcher le régime des mollahs d’accéder à l’arme nucléaire présenterait trop de risques. « C’est très difficle de planifier une opération militaire en Iran car nous ne sommes pas certains de pouvoir résoudre un problème en une seule fois, et si on échoue en une seule fois, c’est une catastrophe » a-t-il ainsi déclaré. « Je ne pense pas qu’une option militaire soit toujours envisageable à ce stade » a poursuivi le CEMA.
« Mon opinion personnelle est que pour l’Iran, je crains que l’option militaire soit probablement derrière nous, et que l’action doive se concentrer, comme l’a dit notre président à plusieurs reprises, sur des pressions financières, économiques et politiques » a encore affirmé le général Georgelin, qui a également évoqué la tentation israélienne de conduire un raid contre les installations nucléaires iraniennes, en insistant sur l’importance de ne pas laisser Israël en marge du dossier « afin de ne pas les laisser frapper seuls, avec tous les risques que cela comporterait ».
Un des problèmes concernant les ambitions nucléaires iraniennes est que les membres du Conseil de sécurité de l’ONU peinent à se mettre d’accord sur l’attitude à adopter face à Téhéran. Ainsi, les propositions soumises dernièrement, et qui concerne une coopération de l’Iran sur le dossier afghan, l’antiterrorisme ainsi que l’énergie, sont diversement appréciées à Washington et à Moscou.
Pour les Américains, ces offres iraniennes « ne répondent pas vraiment » au problème posé par le programme nucléaire de Téhéran alors que pour les Russes, « il y a là des choses à utiliser. » Selon le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, « le plus important est que l’Iran soit prêt à une discussion globale sur la situation, sur le rôle positif qu’il peut jouer en Irak, en Afghanistan et dans la région ».
D’où le refus de Moscou d’adotper des sanctions pétrolières à l’égard de l’Iran, qui importe 40% de son essence. « Une partie des sanctions en discussions, notamment sur le pétrole et les produits pétroliers, ne constituent pas un mécanisme de nature à forcer l’Iran à coopérer. Ce sont des étapes vers un blocus à part entière et je ne pense pas qu’elles seraient soutenues par le Conseil de sécurité de l’ONU » a estimé le chef de la diplomatie russe.