L’Arctic Sea retrouvé, les questions demeurent

Ainsi, l’Arctic Sea a été retrouvé là où il avait été repéré dès la fin de la semaine dernière, c’est à dire au large du Cap-Vert. La frégate russe « Ladny » a en effet libéré l’équipage du cargo et arrêté huit pirates qui en avaient pris le contrôle depuis la nuit du 29 au 30 juillet.

L’on pouvait espérer que ce dénouement allait apporter les réponses aux questions que la disparition de l’Arctic Sea suscitait. En effet, qui pouvait en vouloir à un cargo sans prétention, devant transporter de Filande en Algérie, où il était attendu le 4 août, une simple cargaison de bois d’une valeur estimée à un million d’euros. Mais finalement, les déclarations du ministre russe de la Défense, Anatoli Serdioukov, ont brouillé davantage cette affaire.

« Le 24 juillet, à 23 heures, dans les eaux territoriales suédoises, un hors-bord dans lequel se trouvaient quatre citoyens estoniens, deux lettons et deux russes, s’est approché de l’Arctic Sea (…) Ces gens, qui disaient avoir des problèmes de moteur, sont montés à bord et, sous la menace d’armes à feu, ont exigé que l’équipage se conforme sans condition à tous leurs ordres » a expliqué le ministre russe. Bref, pour ce dernier, il ne s’agirait qu’un d’un banal « acte de piraterie », qui n’est pas si banal que ça étant donné que c’est le premier a être commis dans les eaux européennes depuis plus de 150 ans…

Sauf que le scénario décrit par Anatoli Serdioukov ne correspond pas du tout à la version donnée par les polices suédoises et finlandaises et contredit les déclarations de la Commission européenne, qui, le 14 août, indiquait que l’Arctic Sea avait été victime de deux attaques distinctes, l’une commise en mer Baltique, par un groupe d’une dizaine d’hommes se faisant passer pour des policiers, l’autre, au large du Portugal.

Par ailleurs, la police suédoise a reçu par courriel des photographies de l’équipage du cargo sur lesquelles il y avait des blessés. Cela met à mal la version livrée par le ministre russe, selon qui les marins sont « tous sains et saufs ». Et aussi, et surtout, l’affirmation selon laquelle tous les moyens de communication avaient été coupés à bord.. En effet, l’on voit mal, si tel avait été le cas, comment ces images auraient pu arriver à terre…

En fait, l’Arctic Sea n’aurait pas véritablement disparu… Si l’on en croit l’Autorité Maritime Maltaise (MMA). Cette organisation a en effet déclaré, par voie de communiqué, ce 19 août, que les autorités maritimes suédoises, finlandaises et maltaises connaissaient la position du cargo mais elles avaient décidé d’un commun accord de ne pas diffuser d’informations sensibles « pour ne pas mettre en danger la vie et la sécurité des personnes à bord ou l’intégrité du navire ».

Quoi qu’il en soit, cela ne répond en rien aux questions que l’on peut se poser. Bien au contraire même. Ainsi, sachant que, l’armateur de l’Arctic Sea, la société Solchart a été enregistrée en Finlande il y a seulement 3 mois et qu’elle appartient à trois ressortissants russes, l’on peut toujours se demander pourquoi une simple cargaison de bois a pu intéresser huit pirates. Pourquoi, également, la marine russe a donné cette impression de vouloir être la première à aborder le cargo alors que sa position était connue depuis le 14 août, non seulement par les autorités capverdiennes mais aussi par la Marine nationale française? Enfin, pourquoi le ministre russe de la Défense a-t-il donné une version des faits qui ne correspond pas à celle des policiers scandinaves?

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